Après l'annulation de dernière minute du célèbre marathon de New York à la suite du passage de Sandy, de nombreux sportifs ont organisé dimanche leurs propres courses ou se sont rendus utiles en allant aider les victimes de l'ouragan.

Dès le lever du jour, des milliers de coureurs ont afflué à Central Park, beaucoup arborant avec fierté et une pointe de déception leurs dossards de marathoniens. Le temps est radieux, froid et sec.

Lieu symbolique où chaque année 47 000 coureurs du monde entier franchissent la ligne d'arrivée après avoir arpenté 42,195 km de bitume new-yorkais, le parc, au centre de Manhattan, était une ligne de départ toute trouvée pour des dizaines de contre-courses organisées avec l'aide des réseaux sociaux.

«C'est un lieu de rassemblement naturel», explique Lance Svendsen, co-organisateur du «Marathon Malgré tout 2012».

Peu après l'annulation in extremis de la course par le maire de New York Michael Bloomberg vendredi soir, face aux critiques qui y voyaient un affront aux sinistrés de Sandy, M. Svendsen a reçu un SMS d'un ami lui disant :«Courons malgré tout»!

Quelques minutes après, une page Facebook était née, rassemblant rapidement environ 2000 personnes.

«On va suivre l'itinéraire des débuts du marathon en 1970: quatre tours de parc (d'environ 10 km chacun) et un peu plus»!, annonce M. Svendsen, sous une grande bannière au niveau de la 68e rue.

Pour lui, il ne s'agit pas d'un défi sportif, mais moral: Son but: «faire» les kilomètres promis à ceux qui ont versé de l'argent à des marathoniens pour des oeuvres caritatives.

«J'ai récolté près de 4000 $ en Australie pour la lutte contre le cancer», raconte Elise Hinson, venue de Sydney. «Je me devais de courir chacun des kilomètres promis».

Aider les victimes de Staten Island

«5, 4, 3, 2, 1.... Youhouuuu!!!»: sous un grand ciel bleu, par vagues de plusieurs centaines, les sportifs du monde entier s'élancent, au milieu d'applaudissements et de petites sonnettes.

«Il y a des coureurs sourds et aveugles, tout le monde s'est passé le mot, les gens nous donnent des bouteilles d'eau, c'est super», confie Joselyn Fine, 34 ans.

Mais derrière les sourires, la déception.

Christophe Pujade, 39 ans, de Carcassonne (sud de la France), est au bord des larmes. «C'est un rêve qui tombe à l'eau... Le marathon de New York, c'est le rêve de tous les marathoniens».

Il est venu «chercher les sensations» de la course, mais va se limiter à «10-15 km. Et on va aller profiter de la ville».

Arrivé d'Espagne, Carlos Sanchez Rodriguez, dont c'est le sixième marathon, est démotivé. «Pour courir un marathon, il faut vraiment que quelque chose te pousse à aller jusqu'au bout», dit-il. Là ce n'est pas le cas.

Cesar Carrasco, un soldat chilien, montre, très fier, le lourd uniforme et les grosses bottes noires dans lesquels il a déjà couru 18 marathons de New York, au nom d'amis disparus. Cette fois, après un footing, il va revenir à l'hôtel.

Si des milliers ont choisi de courir, d'autres ont réorganisé leur dimanche pour participer à des chaînes d'entraide en faveur des victimes de Sandy.

Certains ont cédé leurs chambres d'hôtel ou ont offert de l'argent.

D'autres se sont retrouvés à Staten Island pour aider à la reconstruction de l'île, durement touchée par l'ouragan. C'est de là que devait partir le marathon.

Après 30 km de course, les mains chargées de vivres, Joselyn Fine prête main-forte à un groupe de volontaires, à deux pas de South Beach, une zone très affectée.

«Ça nous aide beaucoup», déclare à l'AFP Thomas Mazza, dont la maison a été entièrement ravagée. «On repart avec tout ce qu'il faut, du papier toilette, des lampes de poche, des piles, des vêtements, des vestes», détaille-t-il, l'air fatigué.

Sur le transbordeur du retour, Chris King, un coureur de San Francisco qui a passé son dimanche à ramasser des débris de maisons, aurait voulu faire davantage: «Si je ne devais pas repartir demain (...) je serais revenu».