Le maire Michael Bloomberg a vivement défendu vendredi sa décision de maintenir le marathon de New York dimanche, qui provoque la polémique alors que des centaines de milliers de New-Yorkais restent privés d'électricité, de chauffage ou d'eau après le passage de Sandy.

Il a souligné que son prédécesseur Rudy Giuliani avait fait de même après les attentats du 11 septembre 2001.

«Si vous vous souvenez, après le 11-Septembre, Rudy avait pris la décision de maintenir le marathon», a déclaré M. Bloomberg lors de son point de presse quotidien. «Rudy avait raison. «Nous devons continuer (à avancer) et faire des choses, on peut pleurer et rire en même temps», a insisté le maire, ajoutant que le marathon ne détournait pas les moyens mis en place pour aider les victimes de l'ouragan Sandy, qui a frappé les Etats-Unis en début de semaine.

Mais sa décision est vivement contestée par certains élus, qui y voient un affront aux personnes sinistrées, dont certaines luttent pour survivre au quotidien.

La présidente du conseil municipal Christine Quinn, qui espère succéder à M. Bloomberg en 2013, a notamment fait savoir dans un communiqué qu'elle «n'aurait pas pris une telle décision».

«Le marathon incarne l'esprit de la ville de New York, sa vitalité, sa ténacité, la détermination des New-Yorkais», a fait valoir Mary Wittenberg, la présidente du comité organisateur, le New York Road Runners (NYRR). Selon le NYRR, le marathon apporte en outre environ 340 millions de dollars à la ville.

Et le NYRR a annoncé qu'il donnerait au moins un million de dollars pour les sinistrés.

Quelque 45 000 coureurs venus du monde entier, qui ont souvent réservé et payé des mois à l'avance, devraient donc s'élancer dimanche du célèbre pont Verrazzano.

Pour certains, c'est insupportable.

«Ceux qui veulent courir, nous leur demandons de venir à Coney Island et de courir livrer de l'eau et de la nourriture en haut des immeubles résidentiels», s'est emporté le démocrate Domenic Recchia, conseiller municipal local.

«Où sont les priorités ?», rage également le républicain Michael Grimm, élu de New York à la Chambre des représentants. «Des gens sont morts, des familles n'ont plus de logement, et la ville se soucie du marathon?».

Éditorial cinglant

La réaction de James Oddo, conseiller municipal représentant Staten Island, l'arrondissement le plus affecté par Sandy, a été encore plus violente.

«S'ils empruntent un seul membre du personnel de secours de Staten Island pour l'envoyer sur le marathon, je vais hurler», a-t-il écrit sur Twitter.

Scott Stringer, le président de Manhattan (1,6 million d'habitants), dont toute la moitié sud reste privée d'électricité, a quant à lui rappelé que «New York vient de vivre une tragédie historique» et insisté sur le fait que les ressources devaient toutes rester mobilisées.

Une pétition a également été lancée sur change.org, pour demander le report du marathon au printemps. Elle avait recueilli vendredi après-midi plus de 24 000 signatures.

Le quotidien populaire New York Post s'est fendu d'un éditorial cinglant vendredi, estimant que les générateurs installés à Central park, où se terminera le marathon, pourraient procurer de l'électricité à 400 maisons dans les zones sinistrées.

Christina Wallace, qui va courir le marathon pour la première fois, dit «comprendre l'impact économique, mais je pense qu'il aurait été mieux de le repousser d'une semaine ou deux».

Certains hôteliers avouent aussi leur malaise.

«Comment dire à quelqu'un qui n'a ni chauffage ni électricité qu'il doit libérer sa chambre pour quelqu'un qui vient courir le marathon?» commentait l'un d'eux, Richard Nicotra, sur la chaîne de télévision locale New York 1.