La tempête Sandy a frappé la côte est américaine lundi soir, et laissé dans son sillage au moins un dizaine de morts, des inondations monstres, plus de trois millions de foyers privés d'électricité et des bourrasques de vent de plus de 100 km/h.

Au moment de mettre en ligne, on estimait l'ampleur des dégâts entre 10 et 20 milliards de dollars, faisant de Sandy l'un des désastres naturels les plus coûteux de l'histoire des États-Unis.

L'oeil de la tempête est entré par la côte sud du New Jersey vers 19h, quelque part entre Atlantic City et Cape May.

L'une des premières zones touchées a été l'île de Long Beach, au New Jersey, où plusieurs citoyens ont décidé de rester malgré les évacuations obligatoires.

«On aurait cru entendre une femme qui pleure», a raconté Joy Luedtke, en parlant du sifflement de la tempête qui a traversé Long Beach. «Des vagues de plusieurs mètres se sont fracassées sur la maison pendant que dehors, l'eau cascadait dans les rues. Dans certaines parties de l'île, les inondations sont tellement importantes que certaines maisons sont complètement sous l'eau», a expliqué Mme Luedtke, qui a refusé d'abandonner son domicile construit en 1920 et qui a miraculeusement subi peu de dommages.

Lundi, les routes de la côte du New Jersey laissaient voir une succession de bâtiments placardés. Les véhicules d'urgence y étaient plus nombreux que les voitures. Peu de gens se sont aventurés à l'extérieur, ce qui donnait aux municipalités des allures de villes fantômes.

D'heure en heure, les citoyens luttaient contre les inondations qui s'aggravaient et des vents qui soufflaient de plus en plus fort, ce qui laissait présager le pire. Plus la journée avançait, plus les zones d'évacuation s'élargissaient au New Jersey et au Delaware, les deux États les plus touchés. Plusieurs résidants ont refusé de quitter leur maison malgré un appel du président Obama.

Pendant toute la journée, c'était le branle-bas de combat au poste de pompiers d'Egg Harbour, à environ 5 km à l'intérieur des terres du fameux boardwalk d'Atlantic City, détruit par la tempête lundi soir. Autour d'une table, le maire de la ville, le chef des pompiers et le chef de police planchaient sur le plan d'évacuation de la ville. Dehors, pendant que la pluie ne cessait de tomber, environ 100 secouristes patrouillaient dans les rues de la ville en bateau - certains tronçons de rue étaient inondés par près d'un mètre d'eau.

De retour de sa ronde de porte-à-porte, Fred Spano, grand policier costaud, est entré dans la pièce, l'air découragé. «Au moins 75% des citoyens ne veulent pas partir de chez eux», a-t-il laissé tomber en soupirant. «Ils sont tellement habitués aux médias qui annoncent la tempête du siècle et que ça se dégonfle par la suite qu'ils pensent que ça va faire la même chose avec Sandy

«C'est l'enfer!», lui a répondu Danz Williams, chef des pompiers du West Atlantic City Fire, qui coordonne les opérations de sauvetage dans le secteur. «Ça fait deux jours qu'on fait du porte-à-porte pour demander aux gens de partir. C'est rendu qu'on va les chercher en bateau jusqu'à leur porte et qu'ils ne veulent pas partir.»

À l'instar de nombreuses zones coupées du reste du monde en raison de routes impraticables, les citoyens d'Egg Harbour qui ont refusé de quitter leur domicile ont été laissés à eux-mêmes cette nuit. «Mes gars ont des femmes et des enfants qui les attendent à la maison. Je ne risquerai pas leur vie en les envoyant sur la route avec des vents de 110 km/h», a tranché M. Danz.

Pat et Patty, couple dans la cinquantaine, ont reçu la visite des policiers d'Egg Harbour, mais ils ont décidé de rester chez eux. «On veut pouvoir sauver ce qu'on peut», a expliqué Pat en marchant dans son garage inondé.

Mike Bertino et Linda Franscesco, dont la maison donne également sur la baie, avaient le même plan au départ. Mais la force des vents était en train de leur faire changer d'idée, en milieu d'après-midi. «Mon père a construit cette maison en 1951 et elle n'a jamais subi d'inondations, mais je regarde les vents au moment où la tempête est toujours en mer et je pense que cette fois-ci, ça va arriver», a raconté Mme Franscesco, pendant que la pluie fouettait son visage. «C'est fou, j'ai vécu toute ma vie ici et je n'ai jamais vu de tempête aussi violente. On est pris de court, on ne pensait jamais que ça ressemblerait à ça!»