Le candidat Barack Obama s'est effacé lundi derrière un président désireux de donner l'image d'un dirigeant fermement aux commandes des États-Unis au moment où ils sont menacés par l'ouragan Sandy, huit jours avant l'élection du 6 novembre.

M. Obama, qui a interrompu sa campagne en Floride pour revenir à Washington, a appelé ses compatriotes à prendre au sérieux «une tempête grosse et puissante» aux conséquences «potentiellement meurtrières», après une réunion avec de hauts responsables de son administration à la Maison-Blanche.

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«Écoutez les autorités locales: quand elles vous disent d'évacuer, vous devez évacuer. Sans retard. Ne réfléchissez pas. Ne discutez pas les instructions que l'on vous donne», a ajouté M. Obama, alors que la dépression colossale se rapproche inexorablement de la côte entre New York et Washington, où elle déverse déjà un déluge.

Le président démocrate sortant, qui défendra son siège contre le républicain Mitt Romney le 6 novembre, a assuré ne pas être préoccupé dans l'immédiat par les effets éventuels de l'ouragan sur l'élection. «La priorité est de sauver des vies», a-t-il affirmé lors d'une courte intervention dans la salle de presse de la Maison-Blanche.

«Nous sommes prêts, j'en suis certain. Mais il va falloir beaucoup de temps» pour un retour à la normale, a encore dit le président, en saluant le fait que les États-Unis sont solidaires. «Dans des situations aussi difficiles, nous mettons de côté nos différends.»

De son côté, Mitt Romney a annulé ses réunions électorales à partir de ce soir «par respect pour les millions d'Américains» menacés par l'ouragan. «Le gouverneur Romney estime que c'est un moment de rassemblement pour le pays et ses dirigeants afin de venir en aide aux Américains qui sont menacés», a annoncé sa porte-parole Gail Gitcho.

«Le président aura les mains dans le cambouis»

Sandy est la deuxième tempête d'importance à perturber le déroulement de la campagne. Fin août, la convention républicaine de Tampa, en Floride, avait été retardée à cause de la tempête tropicale Isaac, qui était passée au large avant de provoquer des inondations en Louisiane.

M. Obama s'était rendu sur place quelques jours plus tard pour manifester la solidarité du pays aux sinistrés. Mais M. Romney l'y avait devancé.

Tous deux avaient en tête le grave revers politique encaissé par le président George W. Bush à cause de sa réaction jugée lente et inappropriée à l'ouragan meurtrier Katrina, qui avait fait plus de 1800 morts en 2005. La cote du républicain, alors en début de second mandat, ne s'en était jamais remise.

Dimanche, dans ce qui devait être son dernier jour sans activité de campagne avant l'élection, M. Obama s'est rendu au siège de l'Agence fédérale chargée des situations de crise (FEMA).

L'équipe de M. Romney a souligné que sa campagne n'est pas suspendue. Mais l'ouragan pourrait le mettre dans une situation délicate, car des discours contre M. Obama risquent de paraître déplacés au moment où le président incarne la mobilisation gouvernementale en situation de crise.

«Le président aura les mains dans le cambouis, c'est là qu'il est le meilleur. En aucun cas Romney ne pourra faire de même», lui qui n'a aucune responsabilité officielle, a expliqué un responsable démocrate, cité lundi par le journal Politico.

Si les sondages donnent toujours MM. Romney et Obama à égalité, avec un léger avantage au président sortant dans les États qui peuvent décider du résultat de la consultation du 6 novembre, les effets électoraux à long terme de la tempête restent encore hypothétiques.

Par exemple, des coupures de courant prolongées pourraient empêcher de voter là où le scrutin se fait par voie électronique.