Des millions d'Américains s'apprêtaient à passer la nuit de mardi à mercredi dans le noir et les pieds dans l'eau, victimes du passage de l'ouragan Sandy, notamment à New York et dans le New Jersey, un Etat où Barack Obama se rendra mercredi.

A une semaine très exactement du scrutin présidentiel du 6 novembre, le président américain a mis officiellement sa campagne entre parenthèses pour se concentrer sur les opérations de secours dans des lieux dévastés.

Il se rendra mercredi dans le New Jersey, l'État où Sandy a touché terre lundi soir et de ce fait l'un des plus violemment touchés par le cyclone. Mitt Romney participera de son côté à des réunions électorales en Floride après avoir collecté mardi des vivres lors d'un meeting dans l'Ohio.

Après avoir provoqué 67 morts dans les Caraïbes, Sandy en a fait au moins 42 autres aux États-Unis, dont 18 à New York, et un au Canada, pour l'essentiel dus à des chutes d'arbres.

Plus de huit millions de foyers et d'entreprises restaient toujours privés d'électricité dans le nord-est du pays mardi, et ces coupures pourraient durer plusieurs jours, selon les autorités.

La grande parade d'Halloween prévue mercredi a été annulée à New York, le tracé de l'évenement restant en partie dans le noir. Le réseau téléphonique du pays a lui aussi subi des perturbations.

Le passage de Sandy, qui a rencontré sur son parcours un front froid venant du nord, a également entraîné d'impressionnantes chutes de neige dans une vaste zone recouvrant notamment la Virginie Occidentale, la Virginie, la Pennsylvanie, le Maryland, le Tennessee et l'Ohio.

Dans les Etats de New York et du New Jersey, où la tempête s'annonce déjà comme l'une des plus dévastatrices jamais enregistrées, Barack Obama a déclaré mardi à l'aube l'état de «catastrophe majeure», permettant la mise en place de programmes d'aide pour les victimes.

Les centrales nucléaires soumises à rude épreuve

D'habitude si active de jour comme de nuit, New York restait paralysée dans la soirée de mardi, avec un métro toujours fermé et des lignes de bus reprenant leur service lentement.

De nombreux tunnels du métro ont été inondés, l'eau de mer s'étant engouffrée dans les couloirs, dépassant parfois la hauteur des quais.

«Le métro new-yorkais a 108 ans mais il n'avait jamais fait face à une catastrophe aussi dévastatrice telle que celle que nous avons vu la nuit dernière», a estimé Joseph Lhota, le président du MTA, la régie des transports new-yorkais.

Au moins 18 morts ont été recensés dans la mégapole, a affirmé lors d'une conférence de presse le maire Michael Bloomberg. L'ouragan Sandy a atteint une «intensité historique», a-t-il assuré, confiant avoir vu autour de lui des scènes de désolation rappelant «les images que nous avons pu voir de la fin de la Seconde Guerre mondiale».

Environ 750.000 foyers restaient par ailleurs privés d'électricité dans la ville, selon M. Bloomberg.

Aux Etats-Unis, la plupart des lignes électriques ne sont pas enterrées, les plaçant sous la menace de chute d'arbres ou de branches en cas d'orages ou de tempêtes. Avec 2,5 millions de clients affectés, le New Jersey était le plus touché par les coupures de courant.

La moitié sud de Manhattan a été plongée dans le noir au cours de la nuit de lundi à mardi. Le sud de l'île est aussi la partie de la ville la plus touchée par les inondations, avec par endroits des niveaux d'eau de plus de quatre mètres au plus fort de la tempête.

Dans l'Etat de New York et dans le New Jersey, Sandy a également soumis à rude épreuve le secteur nucléaire américain: trois réacteurs ont dû être mis à l'arrêt et une vieille centrale était toujours en état d'alerte mardi soir.

«Tout semble sous contrôle à ce stade. Aucune infrastructure de centrale n'a été endommagée», a toutefois affirmé à l'AFP un porte-parole de l'autorité de sûreté nucléaire américaine.

7400 gardes nationaux mobilisés

Le coût du déluge pourrait s'élever jusqu'à 20 milliards de dollars, ont estimé des experts en gestion du risque. Le long du littoral, les dégâts sont en tout cas «inimaginables», a déploré le gouverneur républicain du New Jersey, Chris Christie.

Dans 11 Etats, plus de 7400 gardes nationaux étaient mobilisés mardi pour faire face aux conséquences de Sandy.

La tempête poursuivait mardi son parcours à l'intérieur des terres en faiblissant. A 17h00, elle se rapprochait de la région des Grands Lacs, avec des vents tombés à 70 km/h, contre 150 km/h la veille.

Les services publics s'apprêtaient à rouvrir mercredi, ainsi que les écoles dans de nombreux endroits moins directement touchés, tels que Washington, où les transports ont progressivement repris mardi après-midi.

La quasi-totalité des aéroports du nord-est sont restés fermés mardi, avec près de 6000 vols annulés. Au total, 15.773 vols en partance ou à destination de la côte est des États-Unis ont été annulés à cause de Sandy, selon le site Flightaware.com.

L'aéroport JFK devait rouvrir mercredi, tandis que la réouverture des autres aéroports new-yorkais de La Guardia et Newark n'était pas encore annoncée.

Wall Street, fermée lundi et mardi, reprendra son activité normalement mercredi, mais les échanges physiques du pétrole resteront suspendus tant que n'aura pas été levé l'ordre d'évacuation de la pointe sud de Manhattan, où se trouve le marché spécialisé dans les produits énergétiques pétroliers.

Le trois-mâts HMS Bounty a coulé

En mer, la tempête a provoqué la perte d'un trois-mâts, le HMS Bounty, réplique de la célèbre frégate anglaise dont l'équipage s'était mutiné au XVIIIe siècle. Des 16 membres de l'équipage, 14 ont été secourus. L'un est mort, et le capitaine du navire est toujours recherché.

La compagnie Amtrak a suspendu toutes ses liaisons ferroviaires et routières sur la côte tandis que plus de 12 000 vols intérieurs et internationaux ont été annulés, selon le site internet flightaware.com.

La valeur des dommages causés par Sandy pourrait atteindre de 10 à 20 milliards de dollars, selon le cabinet d'études en gestion du risque Eqecat.

Dans la capitale fédérale, Washington, les fonctionnaires et les écoliers ont été de nouveau appelés à rester chez eux aujourd'hui.

- Avec AFP