Le drapeau palestinien a été hissé mercredi pour la première fois au fronton de l'ONU, un événement symbolique qui n'a pu toutefois occulter l'impasse totale dans laquelle se trouve une des crises les plus anciennes de l'histoire de l'organisation internationale.

«Aujourd'hui est un jour de fierté pour le peuple palestinien», a solennellement déclaré le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas peu avant le lever des couleurs dans la roseraie de l'ONU, lors d'une cérémonie sans ferveur à laquelle ont assisté quelques centaines de personnes, en majorité des journalistes.

Quelques applaudissements et youyous ont éclaté lorsque le drapeau rouge, noir, blanc et vert a été hissé sur son mât. Il sera ensuite installé aux côtés des 193 bannières des États membres de l'ONU et de celle du Vatican qui, comme la Palestine, a un statut d'État non membre.

Cette sobriété reflétait le pessimisme entourant le conflit israélo-palestinien, et l'absence d'horizon pour la création d'un État palestinien indépendant au côté d'Israël.

«Les symboles sont importants. Ils peuvent mener à l'action», a cependant estimé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, tout en ajoutant: «Nous ne pouvons en aucun cas nous imaginer que cette cérémonie marque la fin du parcours».

Accords israélo-palestiniens caducs? 

Dans son discours prononcé juste avant la cérémonie devant l'Assemblée générale des Nations Unies, Mahmoud Abbas avait dressé un bilan désastreux de la situation au Proche-Orient et appelé l'ONU «à mettre fin à l'injustice» et à la «souffrance» des Palestiniens.

«La Palestine mérite d'être reconnue comme un État à part entière», a lancé M. Abbas, en appelant tous les pays européens «qui ne l'ont pas encore fait» à reconnaître son État.

Mais surtout, le dirigeant palestinien a déclaré qu'il ne serait plus lié par les accords avec Israël si l'État hébreu continuait de ne pas les respecter, notamment en poursuivant sa politique de colonisation en Cisjordanie.

«Nous déclarons que nous ne pouvons pas continuer à être liés par ces accords et qu'Israël doit assumer pleinement toutes ses responsabilités de puissance occupante, parce que le statu quo ne peut pas continuer», a-t-il lancé devant l'Assemblée générale. «Nous ne serons pas les seuls à être liés par ces accords alors qu'Israël continue de les violer», a-t-il martelé.

«Soit l'Autorité palestinienne conduira son peuple de l'occupation à l'indépendance, soit Israël, puissance occupante, doit assumer ses responsabilités», a-t-il martelé.

Cette menace, souvent agitée par les responsables palestiniens, aboutirait si elle était mise en pratique à dissoudre de facto l'Autorité palestinienne. Selon les Conventions de Genève, Israël devrait alors prendre totalement en charge les affaires civiles de la population des territoires occupés.

Car dans le contexte actuel -- processus de paix abandonné, territoires palestiniens sous haute tension, heurts répétés à Jérusalem sur l'esplanade des Mosquées-- la solution prônée par la communauté internationale de deux États, un Israélien et un Palestinien, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, apparaît comme une chimère.

En outre, le conflit israélo-palestinien est relégué derrière d'autres priorités, la lutte contre les jihadistes du groupe État islamique particulièrement, considérés comme la menace mondiale numéro un.

À Jérusalem, le discours de Mahmoud Abbas a été rejeté par le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui l'a qualifié de «mensonger» et a estimé qu'il incitait «à la destruction au Moyen-Orient»

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Mahmoud Abbas a tenu le drapeau avant qu'il ne soit hissé.