La candidature palestinienne pour un siège de plein droit aux Nations unies, annoncée en grande pompe par le président palestinien en septembre à l'ONU, est dans l'impasse complète, selon des experts qui parlent d'ores et déjà de son «échec».

Pour David Makovsky, du Washington Institute for the Near East, un centre de réflexion, il est possible que la direction palestinienne ne demande même plus de vote au Conseil de sécurité, sachant qu'elle n'obtiendra pas les neuf voix pour sur les quinze pays membres, condition sine qua non pour qu'il puisse y avoir une recommandation favorable du Conseil.

Or ceci infligerait un revers cuisant aux Palestiniens et dispenserait du même coup les États-Unis de devoir opposer leur veto. Même avec le nouvel équilibre au sein du Conseil de sécurité avec l'arrivée de cinq nouveaux membres le 1er janvier prochain, les neuf voix ne seront pas atteintes.

«Ils n'ont pas les neuf voix au Conseil de sécurité et je pense que leur candidature a échoué et qu'il n'est pas besoin pour les Américains d'opposer leur veto ou de faire quoi que ce soit», a dit M. Makovsky à l'AFP.

«Si les Palestiniens savent qu'ils vont perdre, je ne sais pas s'ils voudront de ce vote», d'autant qu'il risquerait de porter tort à leurs relations avec les États-Unis, a-t-il ajouté.

Opinion partagée par Philip Wilcox, expert au Middle East Institute, un autre centre de recherche basé à Washington, pour qui la candidature palestinienne «est un échec».

«Je pense qu'ils ne demanderont pas un vote, sauf s'ils sont sûrs d'avoir neuf voix», a-t-il ajouté.

La saga palestinienne à l'ONU a commencé le 23 septembre par le dépôt sous les feux des projecteurs de la candidature par le président palestinien Mahmoud Abbas. Mais Israël y est farouchement opposé et les États-Unis aussi, estimant qu'il faut d'abord une reprise des discussions directes entre Israël et les Palestiniens.

Le Comité des admissions du Conseil de sécurité s'est réuni plusieurs fois, mais n'a pu se mettre d'accord sur le cas de la Palestine et depuis une ultime réunion de ce comité, le 11 novembre, aucun signe n'est venu de la direction palestinienne.

Malgré cela, l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour souligne que les Palestiniens sont «absolument déterminés» à poursuivre le processus de leur candidature à l'ONU.

Mais Rabii Al-Hantouli, porte-parole de la mission palestinienne, a reconnu qu'il n'était pas sûr qu'un vote ait lieu encore cette année. «On ne peut pas le dire pour le moment», a-t-il dit. «On attend les instructions, c'est tout ce que l'on peut dire pour le moment», a-t-il expliqué.

L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, dont le pays assure la présidence du Conseil en décembre, a pour sa part expliqué vendredi qu'il fallait deux éléments pour qu'il y ait un vote au Conseil: un signe des Palestiniens demandant ce vote et un projet de résolution qui serait vraisemblablement rédigé par le Liban.

«Jusqu'à présent, aucun de ces éléments n'est présent. Si cela devait se produire, le Conseil de sécurité pourrait agir très rapidement», a-t-il dit.

Une alternative à la voie sans issue du Conseil de sécurité serait de demander un vote à l'Assemblée générale où les Palestiniens sont assurés de trouver une large majorité et où aucun veto n'est possible.

Mais cette solution ne leur apporterait qu'un statut amélioré de «pays non-membre observateur» à comparer avec leur statut actuel d'«entité observatrice». Ce ne serait là qu'un «lot de consolation», selon des diplomates onusiens.