La directrice générale de l'UNESCO a annoncé jeudi la suspension d'une partie des engagements de l'agence onusienne prévus d'ici la fin de l'année pour économiser 35 millions de dollars après le retrait américain lié à l'admission des Palestiniens.

Alors que Mme Bokova a déclaré, en clôture de la conférence générale de l'organisation à Paris, avoir «suspendu l'ensemble de nos engagements», une porte-parole de l'UNESCO a ensuite précisé à l'AFP que ces mesures ne concernaient que les «nouvelles dépenses».

«On ne va pas fermer boutique. On respecte les engagements déjà pris, mais on ne fait pas de nouvelles dépenses d'ici la fin de l'année», a-t-elle expliqué.

Selon Mme Bokova, ces mesures permettront de dégager «une économie de 35 millions de dollars», qui avec l'utilisation intégrale du fonds de roulement -30 millions de dollars- combleront cette année le déficit de trésorerie estimé à 65 millions de dollars.

«La situation, et je pèse mes mots, est difficile», a jugé Mme Bokova devant les représentants de l'ensemble des États membres.

Ces mesures portent surtout sur les nouveaux engagements contractuels, des publications, des coûts de communication, des voyages du personnel, des réunions, etc.

Elles ne remettent pas en cause la tenue du Comité intergouvernemental de l'UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'humanité qui aura lieu à Bali du 22 au 29 novembre.

Ce plan d'économies fait suite à l'annonce le 31 octobre par les États-Unis de suspendre leurs versements à l'UNESCO après la décision le même jour de la Conférence générale d'admettre les Palestiniens comme 195e État membre.

Deux lois américaines du début des années 1990 interdisent en effet le financement d'une agence spécialisée des Nations unies qui accepte les Palestiniens comme État membre à part entière.

Cela prive l'agence de 22% de son budget, soit un trou de 70 millions de dollars dès 2011, puisque Washington verse traditionnellement sa contribution en fin d'année.

Pour les années 2012-2013, où l'UNESCO doit faire face à un déficit prévu de 143 millions de dollars, Mme Bokova se dit prête à «prendre des mesures radicales» et «à profiter de la situation pour réduire encore les frais administratifs et prioriser nos activités».

Elle a déjà décidé la création d'un fonds d'urgence ouvert aux donations d'institutions, de fondations et de particuliers, qui est en place sur le site internet de l'agence depuis ce jeudi.

«Nous avons reçu plusieurs milliers de témoignages de soutien après la décision des États-Unis», selon la porte-parole.

Ce fonds, dont les modalités de fonctionnement restent à préciser, serait destiné à financer «les activités au coeur de l'UNESCO», a précisé Mme Bokova.

La directrice générale propose aussi aux États membres de doubler le fonds de roulement (de 30 à 65 millions de dollars) de l'agence, ce qui passe par une augmentation de leur contribution.

Ce projet sera soumis au prochain conseil exécutif de l'agence au printemps prochain. «S'il est accepté, cela se fera sur une base volontaire car beaucoup d'États membres ne veulent pas augmenter leur contribution», a précisé une source à l'UNESCO.