La communauté internationale poursuivait ses consultations dans l'urgence tard jeudi soir, à la veille de la demande d'adhésion à l'ONU d'un État de Palestine, qui paraissait inéluctable.

Les Palestiniens ont confirmé en soirée que le président palestinien, Mahmoud Abbas, remettrait une lettre en ce sens au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à 11h35 (heure locale) vendredi, peu avant son discours.

L'administration américaine restait mobilisée jusqu'à la dernière minute pour détourner M. Abbas de son projet.

Les émissaires du Quartette pour le Proche-Orient (États-Unis, UE, Russie, ONU) «se sont rencontrés pendant plusieurs heures aujourd'hui», a révélé un responsable de l'administration Obama jeudi soir, prévoyant de nouvelles discussions «ce soir ou demain matin.»

Une partie du Quartette cherche à produire une déclaration qui, espère Washington, convaincrait Israël et les Palestiniens de retourner aux négociations.

De sources diplomatiques jeudi soir, la Russie, qui soutient la démarche palestinienne, bloque la production d'un tel communiqué du Quartette. Les discussions continuaient en soirée entre représentants russes et américains.

Les États-Unis envisagent cependant clairement leur échec.

«Quoi qu'il arrive vendredi aux Nations unies, nous restons concentrés sur le jour suivant», a ainsi déclaré la secrétaire d'État Hillary Clinton.

«Je reste déterminée à travailler avec les parties pour atteindre l'objectif d'une solution à deux États, que soutiennent les États-Unis», a-t-elle poursuivi.

Le négociateur palestinien Saëb Erakat a attribué les manifestations hostiles à Barack Obama mercredi et jeudi en Cisjordanie à «la partialité américaine» en faveur d'Israël exprimée par le président américain dans son discours à l'ONU, jugé très pro-israélien par les commentateurs aussi bien israéliens que palestiniens.

«Notre peuple a manifesté mercredi et jeudi son sentiment que ce discours ne répondait pas à l'aspiration des Palestiniens à la liberté et à l'indépendance auxquelles appelle l'administration américaine pour tous les peuples, sauf pour les Palestiniens. C'est pourquoi notre peuple a estimé que la partialité américaine était insupportable», a déclaré à l'AFP M. Erakat, en promettant que «toutes les pressions» ne feraient pas renoncer les Palestiniens à leur demande d'adhésion.

Après le dépôt de celle-ci, «le président Abbas rentrera pour étudier les options des Palestiniens lors d'une réunion avec la direction palestinienne, notamment l'initiative présentée par le président Nicolas Sarkozy», a-t-il indiqué.

Le président français a appelé l'Assemblée générale à accorder à la Palestine le «statut intermédiaire d'État observateur» à l'ONU, parallèlement à des négociations israélo-palestiniennes pour parvenir à un accord de paix «définitif» d'ici un an.

Les Palestiniens comptent obtenir «plus que les neuf voix» sur 15 nécessaires au Conseil de sécurité pour valider une demande d'adhésion, a affirmé à l'AFP le conseiller diplomatique de M. Abbas, Majdi al-Khaldi.

Selon lui, les États-Unis font pression sur trois membres du Conseil de sécurité, «la Bosnie, le Gabon et le Nigeria», pour qu'ils votent contre et évitent ainsi aux États-Unis d'utiliser leur veto.

Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et le premier ministre britannique David Cameron ont appelé devant l'Assemblée générale de l'ONU à la reprise des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens.

M. Cameron, dont le pays est membre permanent du Conseil de sécurité, n'a pas dit quel serait son vote sur la demande palestinienne.

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a jugé de son côté «nécessaire de faire pression sur Israël pour faire la paix» avec les Palestiniens.

«Le problème dans ce contexte, et je serai très franc, provient du gouvernement israélien. Ceux qui gouvernent ce pays prennent des mesures tous les jours qui plutôt que de mener à la paix, érigent de nouvelles barrières empêchant la paix», a-t-il estimé.