De la même tribune où il avait appelé de ses voeux l'an dernier un État de Palestine pour 2011, Barack Obama a invité mercredi les Palestiniens à renoncer à leur demande d'adhésion à l'ONU.

«Il y a un an, j'ai souhaité une Palestine indépendante à cette tribune. Je croyais, et je crois toujours que les Palestiniens méritent leur propre État. Mais j'ai aussi dit qu'une paix véritable ne peut être obtenue qu'entre les Israéliens et les Palestiniens eux-mêmes», a déclaré le président américain dans un discours de 47 minutes à l'Assemblée générale de l'ONU.

Assis parmi l'auditoire, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a posé à plusieurs reprises la paume d'une main sur son front pendant le discours de Barack Obama, comme pour exprimer son exaspération. Malgré les pressions dont il fait l'objet, il n'a toujours pas renoncé à déposer demain une demande de reconnaissance à l'ONU.

S'adressant à un auditoire largement acquis à la cause palestinienne, le président américain s'est dit «convaincu qu'il n'y a pas de raccourci vers l'issue d'un conflit qui dure depuis des décennies».

«La paix ne viendra pas de déclarations et de résolutions à l'ONU, a-t-il déclaré. Si c'était aussi facile, cela aurait déjà eu lieu à l'heure actuelle. Au final, c'est aux Israéliens et aux Palestiniens, pas à nous, de trouver un accord sur les problèmes qui les divisent: sur les frontières et la sécurité, sur les réfugiés et Jérusalem.»

Nétanyahou remercie Obama

Si le discours de Barack Obama a été accueilli dans le silence à l'Assemblée générale de l'ONU, il a en revanche suscité une réaction enthousiaste de la part du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, dont les relations avec le président américain sont tendues en temps normal.

«Je pense que c'est à votre honneur, et je vous remercie», a déclaré le chef du gouvernement israélien à Barack Obama en présence des journalistes au siège de l'ONU, où les deux hommes se sont entretenus en marge de l'Assemblée générale.

«Vous avez dit clairement que les Palestiniens méritent un État, mais c'est un État qui doit faire la paix avec Israël, et donc, toute tentative d'emprunter un raccourci dans ce processus» est vouée à l'échec, a ajouté le dirigeant israélien.

Les États-Unis ont déjà  annoncé qu'il opposerait leur veto à la démarche palestinienne au Conseil de sécurité. Mais ils cherchent à éviter une telle confrontation qui risque d'entraîner leur isolement diplomatique ainsi que celui de leur allié israélien.

Aussi le président américain a-t-il rencontré Mahmoud Abbas en début de soirée après son entretien avec le premier ministre Nétanyahou. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton devait quant à elle rencontrer séparément les deux dirigeants plus tard dans la soirée.

En après-midi, le négociateur palestinien Nabil Chaas avait indiqué à la presse que Mahmoud Abbas allait répondre par la négative à la demande du président américain.

«Nous lui dirons cordialement et respectueusement non», a-t-il déclaré, tout en précisant que les Palestiniens étaient disposés à laisser «du temps» au Conseil de sécurité de sécurité pour étudier leur demande.

Prenant la parole environ une heure après Barack Obama à la tribune de l'ONU, le président français Nicolas Sarkozy s'est démarqué de la position des États-Unis en proposant d'offrir aux Palestiniens un statut «intermédiaire d'État observateur» à l'ONU. Ce statut, dont jouit le Vatican, peut être obtenu à la majorité simple lors d'un vote à l'Assemblée nationale.

De son côté, le premier ministre canadien Stephen Harper a mis un terme à une visite de deux jours à New York en réitérant son opposition à la reconnaissance de la Palestine lors d'une rencontre avec son homologue israélien.