Le transfuge nord-coréen salué comme un exemple par Donald Trump lors de son discours sur l'état de l'Union en début d'année a appelé mardi le président des États-Unis, en pleine réconciliation avec Pyongyang, à ne pas oublier les droits de l'homme.

«Je crois qu'il devrait y avoir une déclaration de la fin des abus, pas seulement une déclaration de fin de guerre», a lancé Ji Seong-ho lors d'une conférence organisée à Washington par le groupe de pression Comité pour les droits de l'homme en Corée du Nord.

«Pourquoi ne pouvons-nous pas parler de droits de l'homme en même temps?», a-t-il insisté.

Après avoir dépeint le régime de Kim Jong-un comme l'un des pires de la planète, l'avoir soumis à des sanctions internationales sans précédent et avoir proféré menaces atomiques et invectives, Donald Trump s'est soudainement rapproché du dirigeant nord-coréen cette année.

Lors de leur sommet historique en juin, l'homme fort de Pyongyang s'est engagé en faveur d'une dénucléarisation et, même si les contours de cette promesse restent flous, le président américain ne tarit plus d'éloges sur lui. «Je l'aime bien, il m'aime bien», a-t-il encore dit mardi après avoir assuré qu'ils étaient «tombés amoureux».

Les négociations en cours portent sur le désarmement nucléaire nord-coréen, en échange éventuellement d'une «déclaration» pour mettre formellement fin à la guerre de Corée, qui ne s'est achevée en 1953 que par un simple armistice.

En revanche, l'administration Trump a clairement fait savoir que les droits de l'homme, s'ils sont régulièrement «évoqués», ne sont pas la priorité actuelle.

Fin janvier, Donald Trump avait fait ovationner Ji Seong-ho au Congrès, racontant les souffrances de cet homme qui a perdu une main et un pied après qu'un train nord-coréen lui a roulé dessus en 1996.

Mardi, le transfuge a pris la parole avec Kang Chol-hwan, emprisonné lorsqu'il avait 9 ans car son grand-père avait été accusé de trahison par le régime totalitaire.

«L'économie nord-coréenne est au bord de l'effondrement, et ils n'auraient pas beaucoup de choix si les États-Unis et la Corée du Sud dictaient leurs conditions», a estimé Kang Chol-hwan.

«Mais c'est l'inverse qui est en train de se produire. La Corée du Nord dicte ses conditions et apparemment les États-Unis et la Corée du Sud se font mener en bateau par le dirigeant nord-coréen et son régime», a-t-il déploré.