Les deux Corées ont décidé lundi de tenir en septembre un sommet à Pyongyang, qui pourrait marquer une nouvelle étape importante dans le rapprochement historique entre les deux pays.

La nouvelle a été annoncée dans un communiqué commun diffusé en marge de discussions entre les deux parties dans la Zone démilitarisée (DMZ). Aucune date précise n'a été donnée.

Une visite dans la capitale nord-coréenne du président sud-coréen Moon Jae-in serait la première d'un chef d'État du Sud en plus d'une décennie.

En dépit du rapprochement observé depuis le début de l'année, les sanctions internationales décidées contre la Corée du Nord en raison de ses programmes nucléaire et balistique ont empêché la reprise de la coopération économique intercoréenne, et peu de progrès ont été faits sur la question cruciale de la dénucléarisation du Nord.

« Le sommet de septembre peut être interprété comme une stratégie de la Corée du Nord pour trouver une façon d'avancer dans ses discussions avec les États-Unis, actuellement au point mort », a déclaré Go Myong-hyun, analyste à l'Institut Asan des études politiques.

« Pour ce qui est de la Corée du Sud, le président Moon veut améliorer les relations intercoréennes mais c'est difficile sans progrès dans les discussions entre les États-Unis et la Corée du Nord ».

« Main dans la main »

Après deux années de montée des tensions, la péninsule connaît depuis janvier une remarquable détente illustrée par le sommet entre M. Moon et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Puis par la rencontre historique de juin entre ce dernier et le président américain Donald Trump.

Lors de leur sommet en avril dans la DMZ, MM. Moon et Kim avaient déjà décidé que le premier rendrait visite au second à l'automne à Pyongyang.

Le premier président sud-coréen à se rendre dans la capitale nord-coréenne fut Kim Dae-jung, qui avait rencontré en 2000 le père et prédécesseur de M. Kim, Kim Jong-il. Il avait ensuite obtenu le prix Nobel de la Paix pour ses efforts en faveur de la réconciliation intercoréenne.

Pyongyang avait en 2007 été le théâtre d'un deuxième sommet intercoréen, quand Kim Jong-il avait reçu le président Roh Moo-hyun.

Mais le rapprochement s'était ensuite arrêté, et Pyongyang avait accéléré ses programmes militaires qui lui ont valu depuis de multiples sanctions.

Les pourparlers de lundi, qui se tiennent dans la partie nord du village frontalier de Panmunjom, dans la DMZ, avaient été proposés la semaine dernière par Pyongyang, qui a récemment dénoncé la volonté de Washington de maintenir les sanctions.

« Nous avons entamé une période au cours de laquelle nous marchons main dans la main, plutôt que de nous mettre sur le chemin de l'autre », avait affirmé le chef de la délégation nord-coréenne, Ri Son Gwon.

Le sommet aura probablement lieu après les célébrations du 70e anniversaire du régime nord-coréen, le 9 septembre, a laissé entendre la Maison bleue, la présidence sud-coréenne.

« Ce serait difficile début septembre, c'est-à-dire avant le 10 septembre », a déclaré aux journalistes Kim Eui-kyeom, porte-parole de la présidence, en citant « des raisons que tout le monde peut deviner ».

Réunion des familles

Le ministre de l'Unification Cho Myoung-gyon, à la tête de la délégation du Sud, a jugé important que les deux Corées gardent « le même état d'esprit ».

« Tous les problèmes peuvent être réglés avec cet état d'esprit », a déclaré M. Cho.

Il a évoqué la possibilité que Pyongyang mette sur la table la question des sanctions : « Nous expliquerons notre position au Nord. »

Les échanges entre le Nord et le Sud se sont intensifiés cette année au point que les deux camps prévoient la semaine prochaine, pour la première fois en trois ans, une réunion des familles séparées depuis la Guerre de Corée (1950-1953).

Mais même si les relations se sont réchauffées, peu de progrès ont été enregistrés sur la question fondamentale des arsenaux prohibés du Nord et de sa dénucléarisation.

M. Kim s'était engagé lors du sommet à travailler pour la dénucléarisation de la péninsule, une formule vague sujette à des interprétations divergentes.

Pyongyang n'a procédé à aucune mesure confirmée et a dénoncé les exigences « unilatérales » des États-Unis et leurs « méthodes de gangsters ».

Dans le même temps, Washington a exhorté la communauté internationale à maintenir en place les sanctions très sévères décidées contre Pyongyang.

Certains analystes estiment que M. Moon pourrait essayer d'agir en médiateur entre Washington et Pyongyang, lui qui avait déjà sauvé la rencontre de Singapour alors que M. Trump l'avait soudainement annulée.