Le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a réclamé vendredi à l'ONU «une pleine application des sanctions» contre la Corée du Nord pour parvenir à sa dénucléarisation, à l'issue d'une réunion avec le Conseil de sécurité destinée à maintenir son unité face à Pyongyang.

«Une stricte application des sanctions est capitale», a-t-il insisté devant la presse après un entretien avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Mike Pompeo a notamment demandé «l'arrêt des transferts illégaux» de pétrole en mer qui permettent à Pyongyang, selon lui, de dépasser les quotas d'importation imposés par l'ONU.

La Corée du Nord peut en finir avec son statut de «paria» aux Nations unies, mais «cela nécessite une application entière des sanctions pour nous pour y arriver», a fait valoir Mike Pompeo.

En 2017, le Conseil de sécurité, à l'initiative des États-Unis, a approuvé une triple série de sanctions économiques contre la Corée du Nord, interdisant notamment aux États membres des Nations unies d'acheter à Pyongyang du charbon, du fer, du textile et des produits de la pêche. Les exportations vers la Corée du Nord de pétrole et de produits pétroliers raffinés ont aussi été sévèrement limités.

Les sanctions visent à faire suspendre, voire arrêter totalement, par la Corée du Nord ses programmes d'armement nucléaire et conventionnel, jugés menaçants pour la planète.

Lors de sa rencontre d'une heure avec les représentants du Conseil de sécurité, à la mission diplomatique sud-coréenne près du siège de l'ONU, le message central de Mike Pompeo ainsi que celui de la Corée du Sud «visait à confirmer l'unité et la fermeté du Conseil de sécurité sur la mise en oeuvre pleine et entière des sanctions», a indiqué l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre.

Le ministre américain a souligné l'importance d'éviter «tout signal prématuré de relâchement qui serait un contre-message», a ajouté le diplomate français en évoquant une réunion «utile».

«Ballons d'essai» chinois

Le Conseil de sécurité a été informé d'une probable visite du président sud-coréen à Pyongyang à l'automne.

Jeudi, les États-Unis ont échoué à faire interdire par l'ONU pour 2018 l'envoi de nouveaux produits pétroliers raffinés vers la Corée du Nord. Se basant sur des images satellitaires de transbordement illicite de cargaisons en mer et d'accostages de pétroliers en Corée du Nord, Washington a fait des supputations sur le volume de pétrole acheminé et en a déduit que Pyongyang avait dépassé ses quotas autorisés par l'ONU.

Il faut «arrêter ces transferts illégaux» qui «se poursuivent», a asséné Mike Pompeo.

Moscou et Pékin ont demandé à Washington des informations complémentaires et des explications sur la méthodologie retenue afin de pouvoir se faire un avis sur la demande d'interdiction américaine, renvoyant toute décision à dans plusieurs mois.

«La Chine et la Russie ont bloqué» la demande américaine, a regretté l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley, présente au côté de Mike Pompeo. «Nous n'avons pas besoin de davantage d'informations!», a-t-elle lancé, jugeant que les preuves américaines étaient suffisantes pour constater que la Corée du Nord avait dépassé ses quotas d'importation.

Devant le Conseil de sécurité, Mike Pompeo a «fait passer le message à la Russie et la Chine de lever leurs objections au Comité de sanctions sur la question des quotas de pétrole», a indiqué un diplomate sous couvert d'anonymat.

Ces dernières semaines, selon une source diplomatique, «les Chinois ont lancé des ballons d'essai» pour alléger les sanctions «mais à chaque fois Washington a dit non».

Au Conseil de sécurité, «il n'y a pas eu de discussion sérieuse jusqu'à présent pour lever bientôt les sanctions», confirme une autre source diplomatique occidentale. «Pour cela, il nous faut voir un mouvement sérieux sur le terrain» nord-coréen vers une dénucléarisation. En attendant, «il nous faut garder la pression et ce n'est pas le moment de lever les sanctions».

Cette semaine, Donald Trump a affirmé qu'il n'y avait pas de date butoir pour la dénucléarisation de la Corée du Nord, après avoir estimé qu'elle allait débuter «très rapidement». «Les discussions continuent et se déroulent très, très bien» et «les relations sont très bonnes», a-t-il assuré.