Le président américain Donald Trump a jugé que son approche musclée envers la Corée du Nord commençait à porter ses fruits alors même que Pyongyang dévoilait ses projets pour développer son programme balistique.

La guerre des mots a fait rage entre Washington et Pyongyang après deux essais de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) menés par la Corée du Nord en juillet et qui mettent apparemment une bonne partie du continent américain à sa portée.

Donald Trump avait promis de déchaîner «le feu et la colère» sur la Corée du Nord, qui a menacé en retour de tirer une salve de missiles près du territoire américain de Guam, dans le Pacifique, avant de mettre ce projet en pause.

«Certains ont dit que j'y allais trop fort. Ce n'était pas assez fort», a lancé mardi M. Trump devant des partisans à Phoenix. «Mais Kim Jong-Un, je prends en considération le fait que, je le crois, il commence à nous respecter».

«Et peut-être, probablement pas, mais peut-être que quelque chose de positif peut en sortir», a-t-il ajouté.

Ces propos font écho à ceux de son secrétaire d'État Rex Tillerson, lequel s'est félicité du «niveau de retenue» de Pyongyang qui s'est abstenu de tout essai nucléaire ou balistique depuis les dernières sanctions de l'ONU début août.

Il a espéré que cela signalait la volonté du pays reclus d'entamer des pourparlers directs avec Washington, «à un moment donné dans un futur proche», alors que Washington imposait de nouvelles sanctions à des entreprises chinoises et russes soupçonnées d'être en affaires avec le Nord.

«Le moment historique de la mort»

Des responsables américains ont expliqué à l'AFP que M. Tillerson n'était pas en train de remercier Pyongyang. Washington est toujours déterminé à mettre un coup d'arrêt aux programmes militaires de Pyongyang et à négocier la dénucléarisation de la péninsule.

La rhétorique de l'administration Trump s'est révélée extrêmement changeante mais Washington s'est dit ouvert au dialogue si Pyongyang faisait des gestes.

Mais Washington et la Corée du Sud ont lancé cette semaine leurs exercices militaires conjoints, toujours condamnés par le Nord comme la répétition de l'invasion de son territoire.

Dans un article publié tôt jeudi, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a jugé que le nombre moins important de soldats américains qui y participent vise à «astucieusement tenter de faire baisser la garde» à Pyongyang.

Et de presser les États-Unis et leurs alliés d'«agir en toute discrétion s'ils veulent échapper au moment historique de la mort».

La Corée du Nord, qui justifie ses ambitions nucléaires par la nécessité de se protéger de Washington, a également levé le voile mercredi sur les progrès techniques notables de son programme balistique et ses projets ambitieux pour l'avenir.

Lors d'une inspection à l'Institut de matériaux chimiques de l'Académie des sciences de la défense, qui développe les missiles nord-coréens, Kim Jong-Un a ordonné la fabrication de moteurs de fusée et d'ogives d'ICBM supplémentaires.

«Il a donné l'ordre à l'Institut de produire davantage de moteurs de fusées à carburant solide et d'ogives de fusées», a annoncé KCNA, qui ajoute que les ogives sont «en matériaux composite carbone/carbone».

Les médias officiels nord-coréens ont publié à cette occasion des images témoignant selon les analystes de certaines avancées. On voit ainsi M. Kim à côté d'un imposant tube marron.

Joshua Pollack, de l'Institut Middlebury des études internationales, a estimé sur Twitter qu'il s'agissait d'«un cylindre en fibre enroulée, de toute évidence la protection d'un moteur de fusée à combustible solide en cours de fabrication».

«Très mauvais»

De telles protections, plus difficiles à fabriquer que les enveloppes en métal, sont beaucoup plus légères et permettent d'augmenter la portée du missile et le poids de la charge transportée.

Selon les analystes, la plupart des éléments montrés sont des objectifs plutôt que des technologies existantes.

Mais d'après Jeffrey Lewis, du site armscontrolwonk.com, c'est de toute façon «très mauvais». «Si je comprends bien la propagande nord-coréenne, c'est leur façon ne nous dire ce qu'on va voir dans les airs ces prochaines années».

Donald Trump a appelé Pékin, seul allié d'importance de la Corée du Nord, à faire davantage pression sur son voisin imprévisible.

Washington a pris mardi des sanctions à l'encontre de 10 organisations et six Chinois et Russes, accusés d'apporter une aide financière à la Corée du Nord.

Pékin a prévenu que ces nouvelles sanctions n'allaient «pas faciliter» sa coopération dans ce dossier, jugeant que la situation dans la péninsule présentait des «signes d'apaisement».