Malgré ses efforts pour mettre la Chine dans son jeu, Donald Trump voit se rapprocher inexorablement la situation qu'il avait promis d'éviter: une Corée du Nord dotée de missiles nucléaires capables de frapper les États-Unis.

«Cela n'arrivera pas», avait déclaré le président américain le 2 janvier, sur la perspective d'un missile nucléaire intercontinental nord-coréen.

Mais Pyongyang a testé mardi un missile balistique de portée intermédiaire selon le Pentagone, capable d'atteindre l'Alaska d'après les spécialistes.

Le doute demeure sur la capacité du régime à doter ses missiles d'une bombe nucléaire suffisamment miniaturisée et protégée. Mais ce n'est qu'une question de temps, affirment les experts et le Pentagone.

Malgré la fermeté qu'il a affichée sur le dossier, Donald Trump ne semble, pas plus que ses prédécesseurs, parvenir à trouver les moyens pour enrayer la marche en avant du régime de Pyongyang.

L'administration américaine comptait sur la Chine, le seul grand partenaire international de la Corée du Nord, pour faire pression sur le régime.

Mais le président américain ne cache plus sa frustration à l'égard de Pékin.

«Peut-être que la Chine va faire un geste fort au sujet de la Corée du Nord et mettre fin à cette absurdité une bonne fois pour toutes!» a-t-il tweeté.

Selon le New York Times, le président Trump a averti dimanche soir le président chinois Xi Jinping que les États-Unis se préparaient désormais à agir seuls.

Cette approche pourrait consister à sanctionner les entreprises chinoises, banques notamment, qui commercent avec la Corée du Nord.

Washington a adopté pour la première fois ce type de mesures la semaine dernière.

Dans le même temps, le Pentagone continue de travailler sur des options d'action militaire contre le régime, malgré les risques de provoquer un conflit meurtrier sur la péninsule coréenne.

Objectifs moins ambitieux

Le président «nous a demandé de préparer une série d'options, y compris des options militaires», a rappelé cette semaine le général H.R. McMaster, le conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump.

Mais «personne ne veut en arriver là», car tout le monde comprend «le danger sévère pour la population sud-coréenne, tenue en otage» par les canons et les missiles nord-coréens, a-t-il expliqué.

Une guerre serait «catastrophique», «y compris très probablement au Japon», a également averti récemment Jim Mattis, le secrétaire américain à la Défense.

Pour un certain nombre d'experts américains, les États-Unis n'ont plus d'autre choix aujourd'hui que de prendre acte des progrès de Pyongyang, et de rechercher désormais des objectifs moins ambitieux qu'un abandon pur et simple de son programme de missiles nucléaires.

«Aujourd'hui, la fenêtre pour négocier une dénucléarisation de la péninsule coréenne», objectif traditionnel de l'administration américaine, «est close», a déclaré à l'AFP Jeffrey Lewis, un chercheur de l'Institut Middlebury des études internationales, dont le siège est en Californie.

Washington doit prendre acte des progrès nord-coréens et désormais chercher à «réduire la tension» avec Pyongyang, «tout en renforçant la dissuasion» face aux armes nucléaires du régime, explique-t-il.

«Ça ne sert à rien de faire pression pour empêcher le passage d'un seuil déjà franchi», a renchéri Adam Mount, un expert du cercle de réflexion Center for American progress, à Washington.

«Le mieux que nous pouvons espérer maintenant, c'est de dissuader, contenir, restreindre» le régime de Pyongyang, «et sur le long terme, le réformer», a-t-il souligné sur Twitter.

De leur côté, Moscou et Pékin plaident pour des gestes de bonne volonté de Pyongyang comme de Washington.

La Corée du Nord doit prononcer un moratoire sur ses tests nucléaires et tirs de missile, et les États-Unis geler leurs exercices militaires dans la péninsule, et retirer THAAD, le bouclier antimissile américain en Corée du Sud, estiment les deux capitales.

Donald Trump, Xi Jinping et Vladimir Poutine seront tous les trois présents au sommet du G20 en Allemagne vendredi.