Le leader nord-coréen Kim Jong-un a brandi la menace nucléaire en réaction à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui alourdit nettement les sanctions internationales contre Pyongyang.

De son côté, le gouvernement sud-coréen a annoncé qu'il allait commencer vendredi à discuter avec les États-Unis du déploiement sur son sol d'un bouclier antimissile américain, une éventualité à laquelle la Chine, principal soutien de Pyongyang, s'oppose.

«Nous devons être toujours prêts à chaque instant à utiliser notre arsenal nucléaire», a déclaré Kim, cité vendredi par l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA.

Il a également averti que la situation dans la péninsule divisée s'était tellement détériorée que la Corée du Nord devait changer de stratégie militaire, en brandissant la menace d'«attaques préventives».

La rhétorique belliqueuse est une constante de la part du régime le plus isolé au monde lorsque les tensions augmentent avec Séoul. Si Pyongyang dispose vraisemblablement d'un petit arsenal de têtes nucléaires, les spécialistes sont divisés quant à sa capacité à les monter sur des missiles.

«Nous n'avons pas vu la Corée du Nord tester ou démontrer sa capacité à miniaturiser une tête nucléaire et la mettre sur un missile balistique», a déclaré à l'AFP un responsable américain de la défense, qui a répété que Washington était confiant dans sa capacité à contrer d'éventuelles attaques nucléaires de Pyongyang.

Résolution de «bandits»

La présidente sud-coréenne Park Geun-hye a promis, elle, une réponse «sévère» à toute provocation du Nord, et réaffirmé la stratégie de Séoul consistant à acculer Pyongyang à la dénucléarisation.

«Nous devons faire comprendre à la Corée du Nord que son régime ne survivra pas s'il ne renonce pas à ses programmes nucléaires», a dit la présidente dans une allocution retransmise à la télévision.

KCNA rapporte que le leader nord-coréen a tenu ses propos jeudi pendant qu'il supervisait des essais d'un nouveau lance-roquettes multiple, quelques heures après le vote de nouvelles sanctions par le Conseil de sécurité en réponse aux essais nucléaire et balistiques menés en janvier et février par la Corée du Nord.

Le ministère sud-coréen de la Défense a affirmé que le Nord avait tiré jeudi six projectiles - des missiles ou des roquettes - tombés en mer du Japon.

Kim a affirmé que le nouveau lance-roquettes serait «promptement déployé», de même que de nouvelles armes récemment mises au point.

Après la résolution «digne de bandits», les Nord-Coréens attendent maintenant «l'ordre de combattre pour annihiler l'ennemi avec leur regain de fureur», a déclaré Kim.

«Le renforcement de notre dissuasion nucléaire est un exercice légitime de nos droits à l'autodéfense, qui continuera aussi longtemps que se poursuivra la politique américaine hostile», a averti le ministère nord-coréen des Affaires étrangères dans un communiqué.

Adoptée unanimement au terme de négociations laborieuses entre Washington et Pékin, cette résolution est de nature, si elle est respectée, à considérablement accroître la pression économique sur le Nord.

Pour la première fois, les pays membres de l'ONU seront tenus d'inspecter toutes les marchandises en provenance et à destination de la Corée du Nord, dans les ports et aéroports.

Bouclier antimissile américain?

La résolution interdit aussi les exportations de charbon, de fer et de minerai de fer. Pyongyang ne pourra pas vendre d'or, de titane et des minerais rares utilisés dans la haute technologie, et ne pourra plus se procurer de carburant pour l'aviation et les fusées.

Pour Kim, elle augure «une phase très dangereuse», quelques jours avant le début des manoeuvres militaires annuelles entre Séoul et Washington.

L'efficacité de la résolution - cinquième série de sanctions internationales depuis 2006 - dépendra beaucoup du zèle avec lequel Pékin décidera de l'appliquer.

La Chine, pourtant irritée par les dernières initiatives de Pyongyang, s'est efforcée de limiter la portée des nouvelles sanctions, selon des diplomates.

Son attitude pourrait dépendre du résultat des négociations entre Séoul et Washington que l'éventuel déploiement du bouclier antimissiles THAAD (Terminal High Altitude Area Defence System), que Pékin ne veut pas voir si près de son propre territoire.

Séoul a précisé vendredi que les premiers entretiens avec les responsables américains porteraient notamment sur les lieux potentiels d'un tel déploiement, sur la question du coût et du calendrier de l'installation du système.

La Chine redoute un effondrement du régime communiste qui déverserait un flot de réfugiés à sa frontière et n'aimerait pas voir une Corée réunifiée sous influence américaine, des inquiétudes partagées en partie par la Russie.