La Corée du Nord progresse dans le développement de missiles stratégiques capables d'emporter une charge nucléaire pour frapper le continent américain, a indiqué mardi un centre de réflexion américain.

Les missiles exposés par la Corée du Nord lors de récentes parades militaires et présentés par les experts étrangers comme des leurres seraient en réalité «moins faux» qu'estimé, selon l'institut américano-coréen de l'Université John Hopkins.

Le missile ICBM nord-coréen KN-08, d'une portée théorique de 5500 à 11 000 km, a été montré en 2012 et en juillet dernier. Un ingénieur aérospatial réputé l'avait alors qualifié de «gros canular».

Mais dans une analyse publiée sur son site internet 38 North, l'institut se montre nettement moins catégorique.

«Presque toutes les configurations examinées seraient capables d'envoyer une charge nucléaire légère de première génération au moins jusqu'à Seattle», sur la côte Pacifique américaine, écrivent l'expert en non-prolifération Jeffrey Lewis et l'ingénieur John Schilling.

Dans un autre article publié par la revue Science and Global Security, John Schilling souligne cependant que le KN-08 reste en phase de développement.

«Le manque d'essai de vol fait que le déploiement opérationnel (du missile) prendra encore des mois ou des années», selon lui.

L'institut a confirmé fin octobre la réalisation d'importants travaux sur le site de Sohae depuis lequel avait été lancée une fusée en décembre - considérée comme un missile par les Occidentaux -, peut-être pour accueillir des engins de plus grande capacité.

Un essai de tir du KN-08 depuis ce site peut survenir «à tout moment», a prévenu John Schilling.

La Corée du Nord a procédé à trois essais nucléaires et précisé à l'occasion du dernier, en février, avoir utilisé «un engin miniaturisé et plus léger» susceptible d'être fixé sur l'ogive d'un missile à longue portée.

Mais la plupart des experts s'accordent sur le fait qu'elle ne dispose pas de capacité intercontinentale fiable ni ne maîtrise la miniaturisation de la bombe atomique.

La Corée a prouvé lors du tir de décembre 2012 qu'elle pouvait envoyer une fusée ou un missile dans l'espace, sans cependant posséder la technologie pour faire rentrer l'engin dans l'atmosphère et atteindre sa cible.