La une des journaux parle de stimulation de l'investissement et du ralentissement de la croissance en Chine. Les Kia et les Hyundai s'alignent à perte de vue sur les autoroutes qui strient la ville. Des milliers de personnes dans le métro de Séoul ont le regard fixé sur l'écran de leur téléphone, indifférents au chaos autour d'eux.

En se déplaçant à Séoul, ces jours-ci, on pourrait croire que les menaces d'attaques de la Corée du Nord n'ont pas d'impact sur la vie des Sud-Coréens. Ce serait une erreur.

«Bien sûr qu'on y pense», explique Insun Kang, 27 ans, enseignante d'anglais à Séoul. Mais on ne change pas nos habitudes pour autant.»

La crainte qu'un missile à ogive nucléaire traverse la frontière du Nord vers le Sud semble d'abord inquiéter les gens plus âgés, note-t-elle.

«Ma mère n'arrête pas d'en parler. Les gens plus vieux ont connu la guerre, ils sont marqués à vie. Quand ils entendent Kim Jong-un faire des menaces, ils savent ce qui pourrait arriver. Les plus jeunes ont plus de détachement par rapport à ça.»

Pour Kim Kyung-tae, employé d'une agence publicitaire dans le quartier Itaewon, un conflit armé avec la Corée du Nord est impossible.

«Ce serait un suicide pour la Corée du Nord, dit-il. Je crois que Kim Jong-un veut de l'attention, il veut être pris au sérieux. C'est la méthode qu'il a trouvée: faire des menaces ne coûte pas cher.»

Lim Geun Young, étudiante en administration, aimerait pouvoir en dire autant. «Ça me fait peur toutes ces menaces. Je n'ai aucune confiance en Kim Jong-un», dit-elle.

Appels à la nucléarisation

Les menaces de Pyongyang ont déjà eu un impact en Corée du Sud: elles ont remis la question de la nucléarisation à l'ordre du jour.

Récemment, M.J. Chung, membre de l'Assemblée nationale, a déclaré qu'il était temps de demander aux États-Unis de déployer des missiles nucléaires tactiques le long de la frontière avec la Corée du Nord.

«Les leçons de la guerre froide nous montrent que les pays qui possèdent l'arme atomique sont pris au sérieux, et peuvent jouer à forces égales, a-t-il déclaré dans une allocution. La Corée du Nord est un État affaibli et isolé et pourtant, nous avons failli à la tâche de l'empêcher d'acquérir l'arme atomique. C'est notre échec à tous, et nous devons maintenant envisager d'autres options.»

Un sondage réalisé en février par le groupe de recherche Asan Institute montre que 66% de la population croit que le gouvernement sud-coréen devrait concevoir ses propres armes nucléaires, une hausse de 7% par rapport aux résultats de 2011. Le test nucléaire mené en février par la Corée du Nord semble avoir joué un rôle dans ce changement d'opinion.

La Corée du Sud a mis de côté il y a des années son programme de conception de l'arme atomique, et le pays est signataire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Armes nucléaires ou pas, la Corée du Sud n'a aucune tolérance pour les plus récentes menaces de Pyongyang.

Le mois dernier, le ministre sud-coréen de la Défense, Kim Min-seok, a déclaré: «Si la Corée du Nord devait attaquer le Sud avec une frappe nucléaire non provoquée, le régime de Kim Jong-un cesserait d'exister de la surface de la Terre.»