L'opposition russe a appelé mardi à de nouvelles manifestations et réaffirmé sa détermination après la présidentielle, malgré les centaines d'interpellations de la veille et la fermeté de Vladimir Poutine qui a écarté toute critique de sa victoire au premier tour dimanche.        

Les protestations «sont un élément de lutte politique, elles n'ont rien à voir avec le scrutin», a affirmé M. Poutine, visitant un centre de contrôle des plaintes électorales.

«Il y a naturellement eu des irrégularités. Il faut les identifier, les éliminer, pour que tout soit clair pour tout le monde», a ajouté le premier ministre russe, élu dimanche avec près de 64% des voix au premier tour de la présidentielle.

L'opposition a cependant annoncé de nouvelles manifestations.

«Nous avons décidé d'une nouvelle action le 10 mars», a déclaré le journaliste Sergueï Parkhomenko, l'un des organisateurs du mouvement de contestation, à l'agence Ria Novosti.

À Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays, le mouvement d'opposition l'Autre Russie a appelé à manifester dès mardi et mercredi. Le Parti communiste, le parti démocrate Iabloko et le mouvement d'opposition Solidarnost ont appelé à manifester le 10.

Plus de 500 personnes, dont des chefs de la contestation, ont été interpellées lundi à Moscou et Saint-Pétersbourg lors de manifestations dénonçant l'élection de M. Poutine, entachée de fraudes selon l'opposition et des observateurs, et que l'OSCE a jugée «biaisée».

Dans la capitale, 250 personnes dont les leaders Alexeï Navalny, Sergueï Oudaltsov et Ilia Iachine ont été interpellés après un rassemblement de 20 000 personnes place Pouchkine.

Tous ont été relâchés par la suite, mais les trois leaders, ainsi que l'écrivain Édouard Limonov, interpellé lors d'une autre manifestation devant la commission électorale, sont convoqués la semaine prochaine au tribunal et encourent des amendes voire pour M. Iachine 15 jours de prison pour refus d'obtempérer.

Le Comité d'enquête russe a indiqué mardi avoir ouvert une enquête pour «appels à la désobéissance aux représentants de la loi et appel au trouble à l'ordre public».

Le militant anticorruption Alexeï Navalny, connu pour ses accents nationalistes et le ton sans concession de ses interventions, avait appelé lors de la manifestation à «occuper les places et les avenues», et à des «actions pacifiques de désobéissance civile».

La police était intervenue dans la soirée pour disperser environ 2000 personnes qui étaient restées sur la place après la fin officielle du rassemblement.

Ces arrestations ont contrasté avec la relative tolérance qui avait prévalu depuis décembre à l'égard des rassemblements d'opposition, alors que les commentateurs sont dans l'expectative sur l'attitude du régime après le retour de M. Poutine au Kremlin.

«Je suis indigné par le recours à la force contre des gens qui sont venus exprimer une position citoyenne», a écrit sur son compte Twitter le milliardaire Mikhaïl Prokhorov -nouveau venu sur la scène politique avec près de 8% des voix à la présidentielle-, qui a pris la parole à cette manifestation.

L'ambassadeur des États-Unis, Michael McFaul, s'est dit «troublé» lundi soir par les interpellations de «manifestants pacifiques», soulignant que les libertés d'expression et de rassemblement étaient des «valeurs universelles», sur son compte Twitter.

Le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch, a répondu, lui aussi sur Twitter. «La police a été beaucoup plus humaine que ce que nous avons vu lors de la dispersion de l'action «Occupy Wall Street»» à la fin de l'année dernière à New York, a-t-il écrit.

«La police (russe) s'est comportée avec un grand professionnalisme, légitimité et efficacité,» a également estimé le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, cité par Itar-Tass.