Les Nations unies ont commencé mardi à retirer leur personnel non essentiel de Côte d'Ivoire, secouée par une grave crise politique à laquelle les dirigeants ouest-africains tentaient de trouver une issue pacifique au cours d'un sommet au Nigeria.

«Le transfert est en cours» pour les 460 personnes concernées - sur plus de 10 000 Casques bleus, policiers et employés civils sur place -, a indiqué à l'AFP une source onusienne sans plus de précision.

Elles doivent être stationnées en Gambie, a annoncé l'ONU lundi depuis New York, invoquant la tension croissante en Côte d'Ivoire.

Après une décennie de coups d'État et de violence, le «pays de l'éléphant» est replongé en pleine tourmente depuis la second tour de la présidentielle le 28 novembre.

Alors qu'Alassane Ouattara a été donné vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1%  des suffrages, le Conseil constitutionnel, acquis à M. Gbagbo, a invalidé ces résultats et proclamé le sortant président avec 51,45%.

Les chefs d'État et de gouvernement de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) étaient réunis, mardi, en sommet extraordinaire à Abuja. Aucun des deux rivaux ivoiriens n'a été convié, alors que la Côte d'Ivoire est l'un des 15 membres de l'organisation.

Le président du Burkina Faso, Blaise Compaore, qui a joué un rôle de médiateur dans la crise ivoirienne, devait informer ses homologues de la situation.

La moitié seulement des présidents ouest-africains se trouvait à Abuja.

Outre M. Compaoré, il s'agit des dirigeants du Ghana, du Togo, du Mali, du Sénégal et du Liberia.

Comme une grande partie de la communauté internationale, la Cédéao a très fermement rejeté le maintien au pouvoir de Laurent Gbagbo et reconnu comme seul légitime Alassane Ouattara.

Signe de l'inquiétude en Afrique de l'Ouest, la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf a demandé aux combattants libériens de ne surtout pas intervenir. De nombreux éléments armés venus de son pays avaient participé dans l'ouest ivoirien aux combats qui avaient suivi le putsch raté de septembre 2002 à Abidjan.

La crise ne paraît pas prête de prendre fin dans un pays déjà doté de deux présidents et deux Premiers ministres, et qui devait se retrouver dans la journée avec deux gouvernements.

L'équipe du Premier ministre de M. Gbagbo, l'universitaire et économiste Gilbert Marie N'gbo Aké, doit en effet être présentée ce mardi après-midi, après son premier conseil des ministres, a-t-on appris de source officielle.

Lundi, le Premier ministre de M. Ouattara, Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le Nord depuis 2002, a réuni son propre gouvernement.

M. Soro, également ministre de la Défense, a fait monter la pression en n'excluant pas une confrontation avec M. Gbagbo.

«S'il nous oblige, on n'aura pas d'autre choix», a-t-il averti, alors que le monde entier redoute une déflagration. Au moins 20 personnes ont déjà été tuées dans des violences depuis le second tour, selon Amnesty International.

Une intense bataille diplomatique est en cours pour obtenir le départ de M. Gbagbo, menée notamment par les États-Unis.

Barack Obama l'a formellement mis en garde contre un «isolement accru» et dit qu'il subirait les «conséquences de ses actes injustes» s'il s'accrochait au pouvoir.

L'Allemagne a à son tour exhorté le sortant à «accepter la volonté» de l'électorat et à se retirer.

Le président de la Banque africaine de développement (BAD) Donald Kaberuka a estimé «urgent» de trouver une solution et évoqué de possibles sanctions «opérationnelles».