L'ancienne informatrice de WikiLeaks Chelsea Manning a expliqué dimanche avoir « peur » depuis sa sortie de prison en mai, mais qu'elle entendait se « battre » sur plusieurs fronts, notamment pour les droits des personnes transgenres.

« J'ai peur. Mais si je suis ici, c'est parce que j'ai peur », a expliqué l'ancienne analyste de l'armée américaine lors d'une intervention dans le cadre du festival du magazine The New Yorker, à New York.

« Des gens m'ont dit : ''peut-être que tu ne devrais pas prendre autant la parole publiquement''. Et c'est pour ça que je le fais », a expliqué celle qui reste légalement une soldate de l'armée américaine, dans l'attente de l'examen de l'appel de sa condamnation. « Je ne pourrais pas imaginer faire autre chose aujourd'hui. »

Condamnée en 2013 par une cour martiale à 35 ans de réclusion pour avoir transmis à WikiLeaks plus de 700 000 documents confidentiels relatifs aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, Chelsea Manning a passé sept ans en prison (dont 3 de détention provisoire) avant que sa peine ne soit commuée par l'ancien président Barack Obama.

« Je pensais que les choses redeviendraient normales », a-t-elle expliqué au sujet de sa sortie de prison. « J'avais cette image de retrouver ma vie d'avant. Mais ce n'est pas possible. Et je réalise aujourd'hui que ce n'est pas une mauvaise chose. »

« Les choses font vraiment peur aujourd'hui et je ne veux pas prendre ma retraite », a-t-elle ajouté.

La jeune femme qui fêtera ses 30 ans le 17 décembre est née garçon, avec le prénom Bradley, et a effectué sa transition pour devenir Chelsea, une fille, une fois en détention.

Sept ans après avoir plongé les États-Unis dans l'embarras en faisant notamment fuiter plus de 250 000 câbles diplomatiques, elle estime que l'État use trop systématiquement du secret.

« Cette excuse de dire ''ça protège ceci ou cela'' est tellement utilisée [par le gouvernement] comme un bouclier, qui devient de plus en plus grand, et de plus en plus inquiétant », a alerté la native de l'Oklahoma.

« Où devrait se trouver la limite [du secret] ? Je pense que c'est à nous d'en décider, pas au gouvernement », a-t-elle fait valoir.

Elle a également exhorté le grand public à se saisir davantage de la question de la protection des données personnelles sur l'internet.

« Nous comprenons » que beaucoup de nos données personnelles circulent sur l'internet hors de notre contrôle, a-t-elle dit. « Nous espérons que quelqu'un va régler le problème pour nous, mais personne ne va le régler pour nous. »