La soldate Chelsea Manning, transsexuelle emprisonnée pour avoir fourni à WikiLeaks des milliers de documents secrets, a accusé vendredi le gouvernement américain de lui nier son «droit à l'existence» en réfutant devant la justice sa demande de se faire pousser les cheveux.

Le ministère américain de la Défense a présenté jeudi devant un tribunal fédéral de Washington un dossier de demande de rejet du pourvoi de Chelsea Manning, qui exige depuis sa cellule de pouvoir laisser croître sa chevelure au-delà des deux pouces (5 centimètres) réglementaires.

Dans ce mémorandum consulté par l'AFP, le ministère soutient que l'ex-agent de renseignements devrait faire valoir ses arguments devant un tribunal militaire et non civil.

L'ancienne «taupe» de Wikileaks, du temps où elle s'appelait encore Bradley Manning, purge une peine de 35 ans de réclusion à Fort Leavenworth, dans le Kansas, après avoir été condamnée en août 2013 pour avoir transmis plus de 700 000 documents confidentiels au site WikiLeaks.

Lors d'un marathon judiciaire entamé après le verdict, Bradley Manning a obtenu de pouvoir changer de prénom et de recevoir un traitement hormonal pour changer son apparence physique.

Or, relève le Pentagone dans ses arguments, «Manning est détenue dans une prison militaire pour hommes, où s'applique à tous la même règle de ne pas avoir de cheveux dépassant deux pouces».

Toute exception à ce règlement «ferait courir un important risque de sécurité», a-t-il affirmé.

«Concrètement, le gouvernement me dit: "Vous ne pouvez pas exister", "Vous êtes dans l'erreur" et "Vous n'existez pas"», a réagi Chelsea Manning dans un communiqué transmis vendredi par l'Union américaine de défense des libertés civiles (ACLU).

«Quand vous perdez le contrôle de votre représentation sexuelle, vous perdez une dimension importante de votre identité», a-t-elle ajouté.