Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a perdu en appel jeudi devant la justice suédoise, alors qu'il tentait de faire annuler le mandat d'arrêt le visant dans une affaire d'agressions sexuelles.

La situation reste toujours aussi difficile pour l'Australien de 43 ans, qui vit reclus dans l'ambassade d'Équateur à Londres depuis juin 2012.

S'il sortait de ces locaux, il serait immédiatement arrêté par la police britannique, et livré à la Suède, ce qu'il a cherché à éviter par tous les moyens possibles, tout en niant les accusations des deux plaignantes suédoises.

La cour d'appel de Stockholm a jugé que le mandat d'arrêt européen ne le contraignait pas à une forme abusive de détention, de la même manière qu'un tribunal en première instance en juillet.

«Le mandat d'arrêt ne peut pas être exécuté pour le moment. D'après l'avis de la Cour d'appel, cela n'est pas en soi une raison pour le lever», ont écrit les magistrats.

«Julian Assange peut quitter l'ambassade s'il le souhaite. Cela signifie que la restriction de sa liberté n'équivaut pas à une privation de liberté», ont-ils ajouté.

Par ailleurs selon eux, «il y a un risque que Julian Assange prenne la fuite ou échappe aux poursuites judiciaires».

Cette décision, largement attendue, a conforté dans ses vues la procureure chargée de cette affaire, Marianne Ny, qui depuis le début insiste pour que M. Assange vienne à Stockholm.

«Ma position a toujours été, et elle est encore qu'il doit se mettre à disposition de la Suède en vue des actes d'instruction restants et d'un éventuel procès», a-t-elle écrit dans un communiqué.

Assange va faire appel

La procédure lancée par M. Assange n'est pas terminée : son avocat, Per Samuelsson, a indiqué qu'il porterait l'affaire devant la Cour suprême suédoise. «Nous sommes certains que la loi est de notre côté», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Toute l'affaire en Suède est extrêmement politisée et cela exigerait beaucoup de courage civique de la part d'un tribunal d'aller à l'encontre de l'opinion publique et des pressions politiques», a-t-il déploré.

L'affaire pourrait éventuellement être portée ensuite devant la justice européenne.

M. Assange craint d'être extradé par la Suède vers les États-Unis pour son rôle dans la publication par Wikileaks de 250 000 télégrammes diplomatiques américains et 500 000 rapports militaires classés secrets de défense.

Il demande à pouvoir bénéficier de l'asile politique que lui a accordé l'Équateur en août 2012. Quito, qui se dit prêt à le garder dans son ambassade aussi longtemps que nécessaire, dénonce un «déni de justice».

Pour son avocat, cette hypothèse d'une extradition est crédible. «On ne peut pas exiger de lui qu'il quitte l'ambassade et renonce à son asile politique ni qu'il coure le risque de finir en prison aux États-Unis», a souligné M. Samuelsson.

En septembre, le ministère public suédois avait qualifié cette hypothèse d'«idée extravagante». Mme Ny relevait que la justice américaine n'avait pas lancé de poursuites contre M. Assange.

L'attitude de M. Assange l'a rendu impopulaire en Suède, pays où son combat pour la transparence avait plutôt été vu avec bienveillance par les médias à l'origine.

Si le gouvernement britannique est resté ferme dans son intention d'arrêter l'Australien dès que l'occasion s'en présenterait, il a aussi suggéré aux magistrats suédois de venir à Londres.

Si Mme Ny «souhaitait venir ici pour interroger M. Assange dans l'ambassade, nous ferions absolument tout pour le faciliter», déclarait fin octobre le secrétaire d'État au Foreign Office, Hugo Swire.