Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, a peu de chances d'être poursuivi aux États-Unis pour avoir publié les centaines de milliers de documents classifiés que lui avait remis le soldat américain Manning, a assuré mardi à l'AFP son avocat.

«Des sources anonymes au sein du ministère de la Justice affirment qu'il n'y a apparemment pas d'acte d'inculpation sous scellés contre M. Assange et qu'il est peu probable que des poursuites judiciaires soient engagées», a déclaré à l'AFP Barry Pollack, l'avocat du fondateur de WikiLeaks à Washington.

«Pour poursuivre Assange, il faudrait le faire pour autre chose que publier des informations, comme pirater un réseau ou autre chose», a renchéri auprès de l'AFP Matthew Miller, ancien porte-parole du ministère de la Justice. Or «il semble qu'ils n'aient rien trouvé», a-t-il ajouté, confirmant une information du Washington Post.

Fay Brundage, une porte-parole du parquet de Virginie, chargé des investigations contre WikiLeaks, a indiqué à l'AFP que «l'enquête était toujours en cours». S'agissant d'une enquête menée par un grand jury depuis près de trois ans, elle s'est refusée à tout commentaire.

L'avocat d'Assange s'est plaint de ne pas être tenu informé du «statut de l'enquête», malgré ses demandes répétées au ministère de la Justice. Son client attend un «communiqué officiel et sans équivoque du ministère de la Justice, qu'il n'a pas engagé de poursuites contre lui et qu'il ne le fera pas à l'avenir», a-t-il poursuivi.

Un porte-parole du ministère de la Justice s'est refusé à tout commentaire.

Selon M. Miller, le cas de Julian Assange est comparable à celui de Glenn Grenwald, le journaliste du Guardian qui a publié les fuites de l'ex-consultant de la NSA Edward Snowden. Or, dans une interview accordée au Washington Post, le ministre de la Justice Eric Holder avait annoncé des poursuites contre Edward Snowden mais avait dit clairement qu'il ne prévoyait pas d'inculper le journaliste.

«Dans la loi américaine, c'est un crime absolu que de faire fuiter des informations classifiées», a expliqué M. Miller, mais «publier des informations classifiées est une autre question et personne n'a jamais été inculpé pour cela et on se demande si ce type de poursuites aboutiraient».

Aussi Julian Assange, qui redoute depuis des années des poursuites de Washington furieux de la publication par WikiLeaks de plus de 700 000 documents secrets obtenus par le soldat Manning, pourrait «certainement» venir aux États-Unis et être libre, selon M. Miller.

Assange est réfugié depuis juin 2012 à l'ambassade d'Équateur à Londres pour échapper à une extradition vers la Suède où il devrait répondre d'accusations concernant des agressions sexuelles présumées qu'il nie.