L'un des principaux soutiens de Julian Assange au Royaume-Uni, Jemima Khan, a pris ses distances avec le fondateur de WikiLeaks, l'avertissant qu'il risquait de devenir un «Ron Hubbard australien» demandant à ses adeptes une «dévotion sectaire» comme le fondateur de la Scientologie.

Dans un blogue pour le magazine New Statesman (proche de la gauche) dont elle est rédactrice en chef adjointe, Jemima Khan, une célébrité au Royaume-Uni, souligne qu'elle est passée de «l'admiration à la démoralisation» vis-à-vis d'Assange.

«Le problème est que WikiLeaks, qui s'est donné pour mission "d'établir une société plus juste fondée sur la vérité" s'est rendu coupable de la même désinformation (....) que celle qu'il entendait dénoncer et ses partisans doivent le suivre sans poser de questions, en faisant preuve d'une dévotion sectaire et aveugle», écrit la fille du milliardaire James Goldsmith.

«J'ai pu constater qu'un statut soudain de rock star avait le pouvoir de donner, même aux idéalistes les plus lucides, le sentiment qu'ils étaient au-dessus des lois et exempts de critiques», ajoute-t-elle.

«Ce serait vraiment une tragédie qu'un homme qui a fait tant de bien finisse par ne tolérer que des disciples et une dévotion inconditionnelle, à la façon d'un Ron Hubbard australien», a-t-elle ajouté en référence au fondateur de l'Église de Scientologie.

Julian Assange est réfugié depuis cet été à l'ambassade d'Équateur à Londres afin d'échapper à une extradition vers la Suède pour une affaire de viol et d'agression sexuelle présumés, dans laquelle il clame son innocence.

L'Équateur lui a accordé l'asile politique, mais Londres entend appliquer le mandat d'arrêt suédois. Le cybermilitant affirme que s'il est envoyé en Suède, il risque à terme d'être extradé vers les États-Unis, furieux de la publication par WikiLeaks de documents secrets américains, et d'y encourir la peine de mort.

Jemima Khan, qui avait contribué à payer la caution pour la libération conditionnelle de l'Australien en 2010, explique qu'elle ne l'a pas fait pour «qu'il évite de répondre aux accusations portées contre lui», soulignant le droit de ces femmes à être entendues par un tribunal suédois.

Assange a perdu beaucoup de ses soutiens au fil des mois, notamment d'anciens membres de son équipe et des grands médias qui avaient diffusé ses scoops.