Bradley Manning, «taupe» présumée de WikiLeaks, a été emprisonné sous un régime de «sécurité maximale» en partie pour le protéger d'autres détenus «patriotes» qui connaissaient les charges contre lui, a indiqué jeudi un haut responsable de la prison.

Le Marine James Averhart, commandant à la prison de Quantico (Virginie, est) où Manning a été détenu durant neuf mois dès juillet 2010 peu après son arrestation, a tenté de justifier le statut de «prisonnier de sécurité maximale» (MAX) réservé au jeune soldat de 24 ans par le fait «qu'une grande partie de la population (des détenus) était très patriotes et connaissaient les allégations» contre lui.

Il a ainsi laissé entendre que ces détenus auraient pu s'en prendre physiquement à Manning, accusé d'avoir mis en danger la «sécurité nationale» des États unis en révélant des milliers de documents secrets du gouvernement américain sur les guerres en Irak et Afghanistan ainsi que 260.000 dépêches du département d'État.

«Cela aurait été de ma responsabilité si quelque chose lui était arrivé», a souligné James Averhart, qui était appelé comme témoin du gouvernement à la barre du tribunal militaire de Fort Meade (Maryland, est). Il s'agit d'audiences préliminaires au procès du soldat qui s'ouvrira en mars.

Interrogé à nouveau sur ce sujet un peu plus tard par l'avocat de Bradley Manning, David Coombs, le commandant a précisé que sa crainte de transférer le soldat sous un régime carcéral normal était qu'il «provoque les autres prisonniers, ou que les autres prisonniers le provoquent». Ces derniers «savaient ce qui se passait» et de quoi était accusé Manning notamment grâce aux «journaux» circulant dans la prison, a-t-il poursuivi.

James Averhart est l'une des personnes ayant recommandé que le prisonnier Manning, déjà en régime de surveillance maximale antisuicide, passe dès janvier 2011 à celui de «Prevention Of Injury» (POI) malgré les recommandations contraires de médecins. Un régime volontairement ultrasévère pour éviter qu'il ne cherche à se blesser ou à s'enfuir.

Le commandant a ajouté à la barre que d'autres facteurs avaient joué pour maintenir le soldat sous surveillance maximale anti-suicide, comme son comportement «dépressif», son «anxiété», le poids des charges contre lui, sa conduite au Koweït, où il resté détenu deux mois avant d'être conduit à Quantico. Manning a ensuite, dès avril 2011, été transféré au Kansas (centre) à la prison de Fort Leavenworth où de meilleures conditions lui ont été accordées.

Son avocat David Coombs va tenter de prouver qu'il n'était pas suicidaire et a subi une «punition illégale préventive» pendant ces neuf mois de détention, demandant pour cette raison l'abandon de toutes les charges.