Le soldat américain Bradley Manning, accusé d'avoir transmis des documents à WikiLeaks, a commencé à comparaître mercredi devant la justice militaire à Fort Meade au Maryland, où ses avocats tenteront d'obtenir l'abandon de 10 des 22 chefs d'accusation.

Ancien analyste du renseignement en Irak, Bradley Manning est arrivé vêtu d'un uniforme bleu dans la salle du tribunal de la base militaire. Le jeune homme frêle était assis entre ses avocats, plongé dans des documents avant le début de l'audience, qui a commencé par une heure de débats à huis clos entre les parties.

Manning a été formellement accusé fin février de « collusion avec l'ennemi », et cet ennemi a été identifié comme étant Al-Qaïda. En avril, la juge militaire Denise Lind a rejeté une requête de la défense de Bradley Manning, qui demandait l'abandon de ce chef d'accusation, le plus grave des 22 portés contre lui.

Le soldat de 24 ans comparaissait à partir de mercredi pour une audience préliminaire de trois jours, avant son procès en cour martiale dont le début a été fixé au 21 septembre. Il encourt la réclusion à perpétuité.

Dans deux recours distincts, ses avocats demandent l'abandon de dix autres chefs d'accusation dans le cadre de la loi américaine sur l'espionnage (Espionnage Act).

Ils plaident d'abord que le gouvernement a utilisé dans huit chefs d'accusation des « termes vagues » de « détention et divulgation d'informations sensibles », a indiqué un expert juridique de l'armée. Les expressions « concernant la défense nationale » et « au détriment des États-Unis ou à l'avantage de n'importe quelle nation étrangère » sont « anticonstitutionnellement vagues » ou « trop larges » en violation des 1er et 5e amendements de la Constitution, peut-on lire dans cette requête.

La défense de Bradley Manning estime en outre que pour deux chefs d'accusation pour « utilisation excessive et en connaissance de cause » de son accès autorisé au réseau informatique du ministère de la Défense, l'accusation n'a « pas établi le délit », a-t-il ajouté.

Des requêtes des avocats de Bradley Manning pour obtenir des documents classifiés du FBI, de la CIA, des ministères de la Justice et de la Défense ainsi que d'autres agences gouvernementales qui pourraient servir la défense doivent par ailleurs être examinées au cours de ces trois jours d'audience.

Bradley Manning n'a pas annoncé s'il plaiderait coupable ou non coupable. Il est accusé d'avoir transmis à WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, et 260 000 dépêches du département d'État. L'organisation créée par Julian Assange les avait ensuite mis en ligne, déclenchant une tempête dans la diplomatie mondiale.

Depuis le début des audiences préliminaires en décembre 2011 et son renvoi en cour martiale, Bradley Manning est détenu dans un établissement pénitentiaire dont le nom est gardé secret non loin de Fort Meade, a indiqué un expert du Pentagone. Ses conditions de détention à Quantico, près de la capitale fédérale Washington, après son arrestation en mai 2010, avaient valu à l'armée américaine les critiques du monde entier. Il avait ensuite été transféré au Kansas.