Le feu vert de la Cour suprême britannique au transfert de Julian Assange vers la Suède pour y faire face à des accusations d'agression sexuelle s'est transformé en feu jaune, hier, lorsque ses avocats ont trouvé une faille dans le jugement. Le sursis du fondateur de WikiLeaks, de plus en plus isolé, ne tient cependant qu'à un fil.

La Cour suprême britannique a été le théâtre, hier, d'un rebondissement digne d'un roman judiciaire de John Grisham. Le juge Nicholas Phillips venait d'annoncer la décision de la Cour d'autoriser l'extradition de Julian Assange vers la Suède lorsque son avocate a bondi de son siège pour demander la réouverture du dossier.

L'argument central du jugement n'avait pas été évoqué aux audiences de février dernier, a fait remarquer Dinah Rose. «Nous aimerions faire rouvrir le dossier afin que nous puissions débattre de ce point», a expliqué l'avocate devant des juges décontenancés.

Une ruse pour gagner du temps? Chose certaine, Julian Assange, qui dispose d'un sursis de deux semaines avant une possible extradition, n'a pas encore complètement perdu la guerre.

Son avenir repose sur un détail technique: la procureure suédoise Marianne Ny avait-elle l'autorité de lancer un mandat d'arrêt européen contre lui? Les juges se sont même référés à la définition française d'«autorité judiciaire» pour comprendre si l'usage européen de ce terme désignait un procureur aussi bien qu'un juge et une cour.

Étant donné que des procureurs lancent des mandats d'arrêt en Europe depuis 1957, le plus haut tribunal britannique a jugé valide celui qui pèse sur Julian Assange.

«C'est un chaos judiciaire», a résumé une autre de ses avocates, Gareth Peirce, devant la Cour.

Une étoile ternie

Fait rare, le célèbre pirate informatique brillait par son absence, hier. Il a ainsi raté un bain médiatique dont il aurait peut-être bien besoin ces jours-ci.

Car son étoile a pâli au cours de 540 jours de tribulations judiciaires. Il est en brouille avec les cinq grands journaux avec lesquels il s'était associé pour diffuser 250 000 télégrammes diplomatiques. Les ventes de son autobiographie n'ont jamais décollé l'automne dernier. Et WikiLeaks est saigné à blanc par la perte de 95% de ses dons à la suite d'un blocus de Visa, MasterCard et PayPal.

Partisans fidèles

Ses partisans étaient cependant fidèles au rendez-vous hier et continuaient à voir la main des États-Unis dans les malheurs de leur héros. «Pourquoi la secrétaire d'État Hillary Clinton visitera-t-elle la Suède quatre jours après le jugement d'aujourd'hui?», demande Sam Richards, membre du groupe Justice for Assange.

Si les avocats britanniques de Julian Assange échouent à faire annuler son extradition vers la Suède, où il est recherché pour une affaire d'agressions sexuelles, la Cour européenne des droits de l'homme représentera son ultime espoir.