Les avocats de Bradley Manning, accusé d'être la «taupe» de WikiLeaks, ont plaidé jeudi pour que le soldat américain bénéficie d'une réduction des accusations qui le visent, au dernier jour de l'audience qui doit déterminer s'il doit être renvoyé en cour martiale.

L'accusation «a exagéré» le nombre de chefs d'inculpation qui pèsent contre le jeune homme de 24 ans, a estimé David Coombs, avocat civil de Manning, lors de sa plaidoirie.

Me Coombs s'est prononcé pour l'abandon de toutes les accusations à l'exception de trois d'entre elles, passibles de 30 ans de prison. «Trente années comme peine maximum, c'est suffisant», a-t-il dit.

Manning fait l'objet de 22 chefs d'inculpation, dont le plus grave est celui de «collusion avec l'ennemi», qui le rend passible de la prison à vie.

S'adressant à l'officier qui préside aux débats, le lieutenant-colonel Paul Almanza, Me Coombs a lancé: «vous avez l'occasion unique d'offrir au gouvernement américain ce dont il a besoin: voir les choses comme elles sont».

Bradley Manning est accusé d'avoir transmis au site internet WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que 260 000 dépêches diplomatiques du département d'État.

De son côté, l'accusation, en la personne du capitaine Ashden Fein, a jugé que Manning avait été «formé et qu'ont lui faisait confiance pour manier des systèmes de renseignement». Le soldat «a abusé de notre confiance (...). Il a aidé les ennemis des États-Unis en leur fournissant indirectement des renseignements à travers WikiLeaks», a poursuivi le capitaine Fein.

L'accusation a réclamé au lieutenant-colonel Paul Almanza, que Manning soit renvoyé devant une cour martiale. Le lieutenant-colonel Almanza devrait prendre plusieurs semaines avant de rendre sa décision.

De son côté, la défense estime que Manning a souffert de troubles émotionnels et sexuels, en raison en particulier de son homosexualité, lors de son déploiement près de Bagdad de novembre 2009 à mai 2010, mais que ses supérieurs n'avaient pris aucune mesure pour y remédier.

Pour étayer ces affirmations, David Coombs a plaidé pour que le lieutenant-colonel Almanza «s'interroge non seulement sur la façon dont les choses se sont passées, mais aussi sur la raison pour laquelle elles se sont passées».

Manning souffrait de «troubles de l'identité sexuelle», a noté l'avocat, puis il a lu des extraits d'une lettre dans laquelle Bradley Manning s'adressait à l'un de ses supérieurs, le sergent Paul Adkins.

«Ils me hantent de plus en plus, au fur et à mesure que je vieillis», écrivait Manning à propos de ses troubles, ajoutant que ces soucis avaient transformé sa «vie en un mauvais rêve qui ne se termine pas».

«Le sergent a reçu cette lettre et il n'a rien fait», a précisé Me Coombs.

Il a également lu trois notes écrites par le sergent Adkins dans lesquelles ce dernier mentionnait «l'instabilité mentale» de Manning et son «comportement étrange». Le sergent Adkins «a écrit ces notes mais il n'a rien fait», a souligné l'avocat du jeune soldat.

Selon David Coombs, la publication des milliers de documents confidentiels par WikiLeaks «n'a causé aucun tort. Au contraire, cela a rendu service».