Presqu'un an jour pour jour après son interpellation, Julian Assange, le turbulent fondateur de WikiLeaks, abat lundi ce qui semble être sa dernière carte dans sa longue bataille judiciaire au Royaume-Uni contre son extradition vers la Suède.

L'Australien doit se présenter à 9h45 devant la Haute Cour de Justice à Londres, chargée d'examiner la recevabilité de son recours devant la Cour suprême, dernière instance d'appel qui s'offre à lui dans ce pays.

Depuis son arrestation le 7 décembre 2010 dans la capitale britannique, Assange a déjà comparu à neuf reprises devant des tribunaux, tentant d'enrayer la mécanique judiciaire mise en branle par le mandat d'arrêt émis par Stockholm pour une affaire de viol et d'agressions sexuelles présumés.

Mais il y a un mois, la justice britannique a finalement donné son feu vert à son extradition, désormais de plus en plus probable.

La partie s'annonce particulièrement délicate pour ses avocats. Ils vont devoir convaincre la Haute-Cour que cet ultime recours porte bien sur un point juridique d'intérêt général, c'est-à-dire dépassant le cas spécifique de leur client. Faute de quoi, il sera irrémédiablement repoussé.

Les défenseurs ont ciblé deux angles d'attaque: une personne qui n'a pas été formellement inculpée, comme c'est le cas d'Assange, peut-elle être sujette à extradition? Un mandat d'arrêt émis par un procureur dépendant de l'État peut-il être considéré comme valide dans ce même cadre?

La Haute-Cour peut rendre sa décision le jour même. Ce sera aux magistrats de le décider au vu des arguments présentés par la défense.

S'il est encore débouté, Assange, qui a toujours crié au complot face aux deux Suédoises qui l'accusent de relations sexuelles non consenties, «sera extradé sous dix jours et emprisonné en Suède», d'après le site https://swedenversusassange.com (la Suède contre Assange) conçu pour sa défense. Avec la crainte souvent brandie par ses partisans qu'il ne soit remis ensuite à la justice américaine.

Le site n'évoque pas en revanche l'hypothèse que le fondateur de WikiLeaks se tourne encore vers la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg (France).

Il se serait d'ailleurs déjà adjoint les services d'une société suédoise de relations publiques, Ullman PR, pour l'aider à préparer son retour en Suède, aux dires de cette entreprise.

Douze mois après le début de son incroyable saga judiciaire, le vent, il est vrai, a tourné pour le flamboyant patron de WikiLeaks qui a connu son heure de gloire en 2010 avec la publication de milliers de télégrammes diplomatiques qui ont fait trembler les États-Unis.

Assigné à résidence dans un manoir de la campagne anglaise depuis un an, obligé de porter un bracelet électronique et contraint à un couvre-feu, il a tenté d'entretenir la flamme en s'autorisant interviews et déclarations fracassantes depuis sa retraite.

Mais ses soutiens se sont éclaircis. Quelques-uns de ses anciens amis ont publié des brûlots contre ce croisé de la transparence qui n'a guère été heureux de voir son image écornée.

Ses méthodes ont été contestées et les financements se sont faits de plus en plus rares pour son site, contraint même d'interrompre un temps ses publications. Elles ont repris cette semaine, ne suscitant qu'un faible écho.

Maigre consolation pour celui qui fut l'an dernier baptisé «homme de l'année» par Time magazine et Le Monde, une pièce racontant sa vie, créée en Australie, doit faire ses débuts européens en janvier à Londres.