Le chef du Parlement libanais et grand allié du Hezbollah, Nabih Berri, s'est félicité de l'offensive israélienne en 2006 contre le parti chiite, la qualifiant d'«excellent moyen» de le discréditer, selon un câble diplomatique américain publié par le site WikiLeaks.

«M. Berri a condamné la férocité de la riposte militaire d'Israël, tout en admettant qu'un succès de la campagne israélienne contre le Hezbollah serait un excellent moyen de détruire (ses) aspirations militaires et de miner ses ambitions politiques», selon ce câble daté de juillet 2006, classé confidentiel et publié la semaine dernière par WikiLeaks.

L'État hébreu avait lancé une offensive militaire d'envergure le 12 juillet 2006 après l'enlèvement par le puissant parti armé de deux de ses soldats à la frontière avec le Liban.

Selon l'ex-ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, Jeffrey Feltman --aujourd'hui sous-secrétaire d'État aux Affaires du Proche-Orient--, les tensions entre M. Berri, chef du mouvement chiite Amal et le Hezbollah sont dues au fait que ce dernier s'estime le premier représentant de la communauté chiite au Liban.

«Nous sommes certains que M. Berri hait le Hezbollah autant, si ce n'est plus que (la coalition pro-occidentale du) «14-Mars», lit-on dans le câble.

«Après tout, le soutien du Hezbollah (...) provient des chiites qui, autrement, auraient été des partisans de M. Berri», ajoute le texte, dans lequel M. Berri est décrit comme ayant été «de très bonne humeur» lors de l'entretien avec l'ambassadeur.

Selon le diplomate, M. Berri s'est senti également trahi par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait promis la stabilité au Liban.

«Nous ne pouvons plus jamais nous asseoir à une même table avec lui (Nasrallah)», indique M. Feltman citant le chef d'Amal. «Je pense qu'il nous a menti».

M. Berri, chef du Parlement depuis plus de deux décennies, a réagi en affirmant que son mouvement «était et reste un allié fondamental du Hezbollah», selon un communiqué de son bureau.

«Nous avons demandé au département d'État américain de nous fournir le câble original (...) pour déterminer si c'est WikiLeaks ou M. Feltman le menteur, ajoute-t-il.

Par ailleurs, toujours selon le câble, M. Berri a critiqué un discours du président syrien Bachar al-Assad, principal soutien du Hezbollah et de son mouvement. Au cours de ce discours, prononcé le 15 août 2006, M. Assad s'en était pris à la coalition pro-occidentale au Liban, la qualifiant de «produit israélien».

«Bachar a commis une erreur, c'est un (discours) idiot», a-t-il dit, selon le texte.