WikiLeaks a ouvert une brèche dans laquelle les médias traditionnels vont s'engouffrer. En deux ans à peine, le site de divulgation de documents secrets et inédits a provoqué une révolution et la presse suivra son exemple, croit l'avocat de Julian Assange, le Britannique Mark Stephens, de passage à Montréal hier.

«Évidemment, WikiLeaks est le chef de file de ce marché, et possède une sorte de propriété intellectuelle, mais il y a une reconnaissance de la part des médias traditionnels. On cherche une façon de donner des informations aux médias et les sources vont être amenées à donner des documents aux médias dont ils se sentent proches», a-t-il dit.

Si le site QuébecLeaks n'a guère prouvé sa crédibilité depuis son lancement, la formule WikiLeaks a fait d'autres émules un peu partout du monde. Le site de journalisme d'investigation Mediapart a ainsi lancé son FrenchLeaks et le quotidien américain Wall Street Journal, son SafeHouse. Enfin, le New York Times se penche sur l'opportunité de créer une plateforme maison, tout comme la chaîne qatarie Al-Jazira.

«L'enveloppe brune»

Pourquoi tant de fuites? L'avocat de Julian Assange croit fermement que les secrets d'État et le classement confidentiel de l'information ont atteint des niveaux inédits. «Tout le monde est d'accord pour qu'un État protège ses secrets. Mais nous devons aussi pouvoir nous assurer que le gouvernement est honnête», avance-t-il. Le système de «l'enveloppe brune» qui permettait aux sources d'éventer des documents confidentiels aux journalistes est maintenant obsolète et un site comme WikiLeaks a permis de repenser la culture de la fuite tout en garantissant l'anonymat des sources.

«Le génie de Julian Assange a été de comprendre que l'information est de plus en plus électronique et peut être envoyée au-delà des frontières », dit son avocat. Si WikiLeaks a été fondé par un groupe de personnes dont certaines demeurent encore dans l'anonymat, Julian Assange est devenu son porte-parole et sa figure de proue. C'est tout naturellement sur lui que se sont concentrées les poursuites. Julian Assange fait notamment l'objet d'une procédure d'extradition vers la Suède, où il est accusé de viol et d'agression sexuelle.

Les menaces et poursuites qui se concentrent sur Julian Assange permettent toutefois aux nombreux collaborateurs de WikiLeaks de mener «une vie normale». Et au site de continuer de publier, envers et contre tout, des informations confidentielles. «C'est comme si le rédacteur en chef d'un journal était malade. Le journal continuerait de sortir. Quels que soient les problèmes. C'est la même chose avec WikiLeaks», croit-il.