Un porte-parole musulman montréalais affirme qu'un nouveau document de WikiLeaks décrivant une mosquée de la métropole comme un point de rencontre de terroristes est diffamatoire.

Ce document soutient qu'un Mauritanien soupçonné de terrorisme qui est détenu à la prison américaine de Guantanamo Bay a été le cerveau d'une cellule montréalaise du réseau Al-Qaïda qui a orchestré des attaques en sol américain.

Selon les informations rendues publiques par WikiLeaks la semaine dernière, des membres d'Al-Qaïda auraient été recrutés à la mosquée Al Sunnah Al Nabawiah, où le suspect aurait brièvement oeuvré, possiblement à titre d'imam.

Pour le directeur du Conseil musulman de Montréal, Salam Elmenyawi, ces allégations démontrent à quel point les institutions de la communauté musulmane sont injustement ciblées par les autorités.

«Aucune des informations n'est basée sur des preuves. Elles sont fondées sur des analyses découlant de renseignements de sécurité. D'autres faits qui contredisaient les conclusions de ces analyses ont certainement été éludés», a plaidé M. Elmenyawi.

Mohamedou Ould Salahi est arrivé à Montréal le 26 novembre 1999. Il arrivait d'Allemagne. Il a quitté le pays au moment où la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) ont commencé à le questionner au sujet des liens qui l'unissaient à Ahmed Ressam. Ce dernier avait planifié des attentats à l'aéroport de Los Angeles.

Selon les documents de WikiLeaks, Mohamedou Ould Salahi avait rencontré Ahmed Ressam quatre jours après son arrivée à Montréal. Il était déjà au courant du complot et il était en contact avec les terroristes qui l'ont planifié.

L'ingénieur électricien âgé de 39 ans aurait recruté trois des pirates de l'air impliqués dans les attentats terroristes du 11 septembre 2001.

Mohamedou Ould Salahi a déjà reconnu qu'il a fait partie des moudjahidines qui combattaient l'invasion soviétique en Afghanistan. Il affirme cependant qu'il n'était pas impliqué dans la planification de l'attentat à la bombe de Los Angeles et soutient qu'il n'entretient aucun lien avec Al-Qaïda, avec les talibans ou avec leurs partenaires, et ce, depuis 1992.

À Montréal, il avait remplacé l'imam de la mosquée Al Sunnah Al Nabawiah, qui était parti en pèlerinage en Arabie saoudite pendant le ramadan.

Le directeur du Conseil musulman soutient que le passage de Mohamedou Ould Salahi a été bref et que rien d'autre n'est connu à son sujet.

«Je ne sais rien sur lui, comme c'est le cas de tout le monde à la mosquée», s'est-il défendu en faisant remarquer qu'il ignorait même si Mohamedou Ould Salahi était un imam.

«Je ne suis pas là pour le défendre coûte que coûte. S'il est coupable, qu'on dépose des accusations contre lui dans une cour de justice, qu'on lui organise un procès équitable et qu'on règle la question», a déclaré le directeur du Conseil musulman de Montréal.

«Mais le fait de porter atteinte à la réputation de la mosquée pendant le processus est tout à fait inacceptable», a-t-il tranché.

Le Mauritanien a tenté, en vain, d'obtenir les rapports des interrogatoires menés par la GRC en 2000 contre lui. La Cour suprême du Canada a refusé d'entendre sa cause tandis que la Cour fédérale du Canada a déclaré, l'an dernier, qu'il ne pourrait prendre connaissance de ces informations parce qu'il n'est pas un citoyen du pays.

Il est détenu à la prison de Guantanamo depuis maintenant plus de sept ans.