Les autorités militaires américaines peinent à établir un lien entre le soldat Bradley Manning, accusé d'être à l'origine des fuites des documents américains confidentiels publiés par WikiLeaks, et le fondateur du site, Julian Assange, indique mardi la chaîne de télévision NBC.

Bradley Manning, arrêté en mai 2010, est accusé de «transfert de documents classés» confidentiels «à une source non autorisée».

Mais les enquêteurs doivent maintenant prouver qu'il a fourni au fondateur de WikiLeaks les documents secrets ou qu'il est entré en contact avec lui, indique NBC News, citant sous couvert d'anonymat des responsables de l'armée.

Interrogé, le porte-parole du ministère de la Défense, Dave Lapan, a souligné que les responsables du ministère ne pouvaient pas faire de commentaire sur une «enquête en cours».

Julian Assange a assuré qu'il n'avait jamais entendu le nom de Bradley Manning avant que celui-ci n'apparaisse dans les médias.

WikiLeaks a publié sur internet des milliers de documents confidentiels sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que des notes secrètes provenant de diplomates américains en poste à travers le monde.

Arrêté le 7 décembre à Londres en vertu d'un mandat d'arrêt émis par la Suède, M. Assange a été libéré neuf jours plus tard contre le versement d'une caution.

Il est poursuivi par la justice suédoise pour des affaires de violences sexuelles contre deux jeunes femmes et se trouve actuellement en Grande-Bretagne, en liberté conditionnelle. La justice britannique doit se prononcer les 7 et 8 février sur la demande d'extradition de Stockholm.

La justice fédérale américaine ne l'a pas officiellement inculpé, ni donc demandé son extradition.

Si les États-Unis ne parvenaient pas à prouver de lien entre le soldat et M. Assange, le fondateur de WikiLeaks n'aurait plus à redouter que Washington demande son extradition. Sa défense estime qu'il y a un «risque réel» qu'une fois extradé en Suède M. Assange soit envoyé aux Etats-Unis où il pourrait,  selon elle, être interné sur la base de Guantanamo, voire condamné à mort.

Bradley Manning, 23 ans, ancien analyste de renseignement en poste en Irak, est la seule personne aux États-Unis officiellement poursuivie après les fuites orchestrées par WikiLeaks. Il encourt 52 ans de prison.

Le jeune soldat, détenu sur une base militaire de Virginie, a porté plainte contre ses conditions de détention, à l'isolement et sous le regard permanent des gardiens.

Son avocat, David Coombs, demande que son client soit placé dans des conditions de détention moins drastiques, notamment qu'il soit retiré de sa cellule à l'isolement et qu'il ne soit plus placé sous «surveillance anti-suicide» ni sous «surveillance pour prévenir les blessures».

Dans la plainte, il explique que plusieurs experts psychiatres ont recommandé qu'il ne soit plus détenu dans des conditions de sécurité maximale.

Un porte-parole de l'armée, Brian Villiard, a indiqué mardi à l'AFP qu'il était traité de la même manière que les autres détenus soumis à un «isolement carcéral maximum».