Le président panaméen Ricardo Martinelli a demandé l'aide des États-Unis pour espionner ses opposants et se protéger de la gauche, ce qui a amené l'ambassadrice américaine à juger qu'il était «porté sur le harcèlement et le chantage», rapporte un télégramme diplomatique révélé samedi par WikiLeaks.

Dans un communiqué, le Panama a reconnu qu'il avait sollicité l'aide des États-Unis mais dénoncé «la mauvaise interprétation des autorités américaines» dans la mesure où il s'agissait d'une aide pour lutter contre «le terrorisme, le trafic de drogue et la délinquance».

«J'ai besoin d'aide pour des écoutes téléphoniques», disait un texto envoyé en 2009 par M. Martinelli à l'ambassadrice américaine Barbara Stephenson sur son téléphone portable, selon une information de WikiLeaks publiée par le quotidien espagnol El Pais et reproduite par le journal panaméen La Prensa.

Par la suite le président panaméen aurait transmis à l'ambassadrice une liste des personnes à espionner. «Il ne faisait pas la distinction entre les objectifs légitimes de sécurité et ses ennemis politiques», commente Mme Stephenson selon Wikileaks.

«Sa tendance au harcèlement et au chantage a pu le propulser dans le monde des supermarchés (M. Martinelli préside la principale chaîne de supermarchés du pays) mais elle est peu appropriée pour un homme d'État», aurait commenté Mme Stephenson, aujourd'hui en poste à Londres, dans un télégramme secret envoyé le 22 août 2009.

Les écoutes, selon le gouvernement panaméen, auraient eu pour objectif de protéger le président contre des individus menacés par la lutte du gouvernement contre la corruption et les manoeuvres de déstabilisation menées «par des gouvernements de gauche de la région».

«M. Martinelli s'est présenté au cours de sa campagne comme pro-américain et il estime aujourd'hui que nous avons une dette envers lui du fait qu'il constitue un contrepoids à Hugo Chavez (le président vénézuélien, ndlr) dans la région (...) Nous devons relever le défi de le convaincre que les années 1980 sont révolues en Amérique centrale», aurait écrit l'ambassadrice à ses supérieurs.