Le président américain Barack Obama a personnellement critiqué pour la première fois samedi les révélations de notes diplomatiques de WikiLeaks, fustigeant des «actes déplorables», au moment où les partisans du fondateur du site se mobilisaient pour obtenir sa libération.

Le président américain a évoqué samedi le sujet lors d'entretiens téléphoniques avec son homologue mexicain Felipe Calderon et le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a indiqué la Maison Blanche.

Au cours de sa conversation avec M. Erdogan, «le président a exprimé ses regrets pour les actes déplorables de WikiLeaks», a dit la Maison-Blanche. «Les deux dirigeants sont tombés d'accord pour que cela n'ait pas d'influence ou ne perturbe pas la coopération rapprochée» entre les deux pays.

Lors de leur entretien, MM. Obama et Calderon ont également discuté «des actes déplorables de WikiLeaks», jugés «irresponsables» par la Maison-Blanche.

Dans le même temps, plusieurs manifestations de soutien ont eu lieu samedi pour réclamer la libération du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, un Australien de 39 ans, détenu à Londres pour une affaire de viol et violences sexuelles en Suède, qui réclame son extradition.

Le site en espagnol Free WikiLeaks a lancé un appel à des rassemblements et mis en ligne un manifeste intitulé «Pour la liberté, dis non au terrorisme d'État», réclamant «la remise en liberté de Julian Assange».

Le site conviait les partisans de M. Assange à se rassembler samedi devant des représentations diplomatiques britanniques et suédoises, dans huit villes espagnoles, dont Madrid et Barcelone, ainsi qu'à Buenos Aires, Mexico, Sao Paulo, Bogota et Lima.

Au Pérou, une douzaine de partisans d'Assange se sont réunis dans le calme devant l'ambassade britannique. «La solidarité n'a pas de frontières. L'injustice est la même partout dans le monde», a déclaré à l'AFP, Jorge Meneses, 22 ans.

A Amsterdam, 75 personnes ont manifesté dans le centre-ville, selon la police, à l'appel du Parti des pirates informatiques néerlandais «pour la protection de la liberté de la presse».

Assange doit comparaître mardi devant un tribunal britannique dans le cadre de la procédure d'extradition vers la Suède. Cette audition devrait être suivie de plusieurs autres, et aucune décision n'est attendue dans l'immédiat.

Les avocats de M. Assange craignent qu'une fois en Suède, il ne soit extradé aux États-Unis, où il est devenu l'ennemi public numéro un.

Vendredi, il a été placé dans une cellule d'isolement, et l'un de ses avocats, Jennifer Robinson, a indiqué à l'AFP que la prison de Wandsworth où il est détenu avait pris cette décision «pour sa propre sécurité».

Depuis sa prison, M. Assange a demandé à disposer d'un ordinateur portable pour pouvoir préparer sa défense, car il a «des problèmes pour écrire», a indiqué son avocate.

Parallèlement, les journaux associés à WikiLeaks poursuivaient samedi la publication de documents confidentiels américains, entamée le 28 novembre. Depuis cette date, près de 1300 câbles diplomatiques ont été diffusés.

Samedi, le New York Times a reproduit le contenu d'un câble de 2002 dans lequel des diplomates américains s'inquiétaient de ce qu'ils considéraient comme des vestiges de «sentiments antisémites» dans la hiérarchie du Vatican.

Le quotidien espagnol El Pais a de son côté publié un rapport américain d'octobre 2007 qui désigne la Catalogne comme «le plus grand centre d'activité des islamistes radicaux en Méditerranée».