L'arrestation de Julian Assange n'a pas freiné la diffusion des câbles diplomatiques américains par l'organisation WikiLeaks, hier.

L'organisme a diffusé une douzaine de câbles, dont certains contenaient les plans de défense de l'OTAN pour la Pologne, l'Estonie et la Lituanie, dans l'éventualité d'une attaque russe. Les informations ont été publiées par le quotidien britannique The Guardian.

Le journal a aussi révélé un câble faisant état des «menaces brutales» lancées en 2008 par le chef d'État libyen Mouammar Kadhafi contre la Grande-Bretagne, à propos de la libération d'Abdel Baset al-Megrahi. M. Megrahi a été reconnu coupable d'avoir orchestré l'explosion du vol Pan Am 103 au-dessus de Lockerbie en 1988, tuant 270 personnes.

Le câble révèle que Kadhafi menaçait de mettre fin aux relations commerciales entre la Grande-Bretagne et la Libye si Megrahi n'était pas libéré. La société britannique BP a notamment signé des accords d'une valeur de près d'un milliard avec la Libye pour y exploiter des opérations pétrolières.

Dans un câble envoyé à Washington en octobre 2008, le chargé d'affaires à Londres, Richard LeBaron, écrit que le Royaume-Uni est «dans une position peu confortable, entre l'arbre et l'écorce.»

Megrahi a été libéré en août 2009 sous prétexte qu'il était atteint d'un cancer et n'avait plus que trois mois à vivre. Il habite aujourd'hui avec sa famille dans une villa à Tripoli.

Londres et Tripoli n'ont pas immédiatement réagi aux révélations, hier.

Une source au ministère russe des Affaires étrangères, citée par l'agence Interfax, a déclaré que la publication de plans de défense de l'OTAN soulevait «un grand nombre de questions et la perplexité» à Moscou. La Russie et l'OTAN ont récemment adopté une déclaration qui prévoit notamment le non-recours de la force.

Exploitées par l'ennemi?

Parallèlement, les États-Unis disent disposer d'informations selon lesquelles les notes diplomatiques révélées par WikiLeaks sont «activement» exploitées par les «adversaires» de Washington, a affirmé mhier un porte-parole du Pentagone.

«Nous savons par plusieurs canaux que nos adversaires exploitent activement» les données dévoilées par le site internet, a affirmé le colonel Dave Lapan, sans toutefois préciser comment les États-Unis le savaient ni qui exploitait ces informations.

Les conséquences réelles de la révélation d'informations censées rester secrètes restent difficiles à quantifier, selon lui.

Hier, les problèmes financiers de WikiLeaks ont aussi fait surface. Le géant VISA et MasterCard ont annoncé qu'ils cessaient de gérer les dons du public envoyés à l'organisation. Il y a quelques jours, PayPal avait aussi stoppé les transactions avec WikiLeaks. L'organisation utilisait ces méthodes pour financer une bonne partie de ses activités.

WikiLeaks a fait savoir qu'elle sollicitait toujours des dons du public par l'entremise de transferts bancaires, de même que par la poste, à son adresse à l'Université de Melbourne, en Australie, où Julian Assange a étudié.

Avec l'AFP