Les documents concernant les relations polono-américaines, révélés par le site WikiLeaks, font «perdre les illusions» sur les rapports de Washington avec ses alliés, a estimé mardi le Premier ministre polonais Donald Tusk.

«Nous avons réellement un problème grave. Ce n'est pas un problème d'image comme dans le cas de certains États, ce n'est pas un problème de réputation comme c'est le cas des États-Unis», a déclaré M. Tusk devant la presse.

«C'est un problème de perte des illusions en ce qui concerne le caractère des relations entre différents pays, y compris des alliés aussi proches que les États-Unis et la Pologne», a-t-il poursuivi.

Des télégrammes diplomatiques diffusés par le site WikiLeaks et publiés mardi par le Guardian «jettent une lumière crue sur le caractère des relations des États-Unis avec la Pologne et les autres alliés», a-t-il ajouté.

Le président polonais Bronislaw Komorowski est attendu mercredi à Washington, à l'invitation du président américain Barack Obama.

La question des fuites de WikiLeaks sera «sans doute un point important dans la discussion qu'aura le président Komorowski avec le président Obama», a estimé M. Tusk.

Un télégramme de l'ambassade des États-Unis à Varsovie, daté de février 2009, rapporte que les responsables polonais avaient en automne 2008 manifesté leur déception en apprenant que «les missiles Patriot ne seraient pas, du moins dans un premier temps, opérationnels».

Un vice-ministre de la Défense de l'époque avait «répondu avec colère que la Pologne s'attendait à recevoir des missiles Patriot opérationnels et non pas de plantes en pot», selon le message de l'ambassadeur.

Les responsables polonais se sont également montrés profondément déçus face à l'envoi d'effectifs américains beaucoup plus faibles qu'attendu pour accompagner les Patriot.

«Les Polonais pensent que le personnel attaché en permanence à la batterie sera d'environ 110 personnes (...)», indique le message daté du 13 février 2009.

«Les projets américains actuels semblent prévoir seulement 20 à 30 personnes pour entretenir à l'avenir l'équipement déployé», poursuit le texte signé de l'ambassadeur américain de l'époque Victor Ashe.

La Pologne est un allié fidèle des États-Unis. Plus de 15 000 soldats polonais au total ont participé en cinq ans à l'opération américaine en Irak jusque fin 2008. Durant les cinq années et demie de leur déploiement, les Polonais ont perdu 22 hommes et compté 70 blessés.

La Pologne apporte également une contribution importante à la mission de l'Otan en Afghanistan où elle déploie 2600 hommes.