L'ex-conseiller de Stephen Harper, Tom Flanagan, devrait être traduit en justice pour incitation à commettre un meurtre, selon le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.

L'homme le plus recherché de l'heure répondait par internet à des questions de lecteurs sur le site du quotidien britannique The Guardian, vendredi, alors qu'il continuait à se cacher des autorités policières.

«M. Flanagan et les autres qui font sérieusement ce genre de déclarations devraient être mis en accusation pour incitation à commettre un meurtre», a réagi M. Assange, aux propos de l'ancien bras droit du premier ministre canadien.

Professeur à l'Université de Calgary, Tom Flanagan avait affirmé sur les ondes de CBC, mardi, que M. Assange «devrait être assassiné». Le lendemain, il se rétractait, affirmant regretter avoir fait «un commentaire désinvolte à propos d'un enjeu sérieux», et espérer que M. Assange, s'il était arrêté, ait droit à «un procès juste et équitable».

Interrogé à ce sujet, mercredi et jeudi, le leader parlementaire du gouvernement conservateur, John Baird, a souligné que M. Flanagan ne parlait qu'en son nom et que ces déclarations ne représentaient en aucun cas l'opinion du gouvernement. «Cet individu n'est plus conseiller du premier ministre depuis longtemps. Je suis en désaccord avec ses propos. Et c'est la position du gouvernement», a dit M. Baird.

L'ensemble des parties de l'opposition à Ottawa ont dénoncé la déclaration de M. Flanagan et réclamé une condamnation plus ferme de la part du gouvernement à l'égard de cet ancien proche collaborateur.

«Ce sont des propos qui sont incendiaires, qui n'ont pas leur place en démocratie, a jugé Pierre Paquette, du Bloc québécois. Je pense que le fait que M. Flanagan soit un proche du premier ministre est inquiétant, effectivement.»

Selon le député libéral Ralph Goodale, de tels propos vont à l'encontre de la Charte canadienne des droits et libertés. «Un homme de cette importance, qui est appelé, à titre d'expert, à commenter l'actualité sur les chaînes de télévision du pays devrait faire très attention à ce qu'il dit et assumer l'entière responsabilité de ses propos, a souligné M. Goodale. Et le gouvernement devrait se dissocier clairement de ces commentaires.»

Quant à savoir si M. Flanagan pourrait être poursuivi en justice pour incitation à commettre un meurtre, comme le soutient M. Assange, les députés de l'opposition restent prudents.

«Ce que le professeur Flanagan a dit, c'est très honteux. Mais je ne pense pas honnêtement qu'il puisse être mis en accusation en vertu du code criminel, a estimé le député néo-démocrate Joe Comartin, avocat de formation. Je pense qu'il faut que le premier ministre et son gouvernement dénoncent, en premier lieu, ce genre de commentaires, et qu'il y ait des mesures disciplinaires prises par l'Université de Calgary.»

En après-midi, l'institution d'enseignement supérieur a fait savoir que M. Flanagan ne ferait finalement pas face à de telles mesures disciplinaires, malgré les plaintes reçues à cet effet provenant d'étudiants et de membres du corps professoral.