La CIA a demandé aux diplomates américains de collecter des informations sur le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et sur d'autres personnalités de l'organisation internationale, a rapporté jeudi le quotidien The Guardian.

Des documents diffusés par le site WikiLeaks suggèrent que la secrétaire d'État Hillary Clinton a demandé à des diplomates américains de collecter des renseignements sur la position de M. Ban à l'égard de l'Iran et du Proche-Orient et de se renseigner sur «sa gestion et son style de prise de décision».

Selon le journal britannique, l'agence de renseignement américaine a établi une liste de ce qu'elle souhaitait savoir et l'a transmise au département d'État qui a relayé ses demandes à travers le monde en les taillant à la mesure de chaque région.

Cette liste des informations souhaitées est établie chaque année par le gestionnaire de «Humanint» (renseignement sur les personnes), une fonction créée en 2005 par l'administration de George W. Bush afin de faciliter la coordination du renseignement, précise le journal.

Le gouvernement américain a également essayé d'obtenir les numéros de cartes de crédit, les adresses électroniques, numéros de téléphone, de fax, de messagerie et de cartes de fidélité d'agences de voyages pour des dirigeants des Nations unies, ajoute le journal qui rapporte des révélations de WikiLeaks.

Un responsable de la CIA a justifié cette démarche: «Cela ne surprendra personne d'apprendre que les responsables américains aux Nations unies essaient d'avoir des informations sur la manière avec laquelle d'autres pays envisagent des questions d'intérêt mutuel».

«Personne ne devrait prendre les diplomates américains pour des espions. Mais nos diplomates contribuent indéniablement à accroître les connaissances dont dispose notre pays. C'est logique et cela correspond tout à fait à leur mission. Ils le font en stricte conformité avec la loi américaine» a-t-il souligné.

Ces remarques font écho à celles du porte-parole du département d'État Philip Crowley, qui avait déclaré auparavant: «Ce sont des diplomates, ce ne sont pas des agents de renseignement. Ils réunissent des informations qui sont utiles à l'élaboration de notre politique et de notre action... Le département d'État ne demande pas à ses diplomates d'être des espions».

En outre, avait expliqué le porte-parole, «tout document sortant du département d'État porte le nom du secrétaire d'État. Elle est responsable, mais elle n'était pas l'auteur du document en cause et le contenu de celui-ci venait de l'extérieur du département d'État».

De son côté, l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, a assuré jeudi que ces rélévations n'avaient pas affecté les relations avec M. Ban.

«Le secrétaire général connaît assez bien les États-Unis et nos représentants ici font un travail de diplomate et rien d'autre», a-t-elle insisté.