Le ministre américain de la Justice Eric Holder a annoncé jeudi, plus d'un mois après les émeutes raciales de Ferguson au Missouri, l'octroi d'une enveloppe de 4,75 millions de dollars pour rétablir la confiance entre les forces de l'ordre et les populations locales.

Alors qu'on ignore encore si des poursuites judiciaires seront engagées à l'encontre du policier blanc qui a abattu un jeune Noir le 9 août à Ferguson, une banlieue de Saint-Louis à majorité noire, le ministre afro-américain a insisté sur «l'obligation» des forces de l'ordre «d'assurer la justice et d'éliminer les préjugés».

«Nous rapprocherons les communautés qui se méfient aujourd'hui des policiers, et les forces de l'ordre» qui sont à leur service, a-t-il déclaré à une poignée de journalistes, «nous inciterons au débat public sur les questions de race et de police».

«Les événements de Ferguson nous rappellent que nous ne pouvons pas laisser irrésolues les tensions présentes dans tant de quartiers à travers l'Amérique, et pas seulement à Ferguson», a déclaré M. Holder, entouré de différents procureurs, experts universitaires, organisations de droits de l'homme et acteurs locaux, qui formeront un bureau national.

Cette «Initiative nationale pour bâtir la justice et la confiance dans les communautés», mise en place pour trois ans dans cinq sites pilotes américains en partenariat avec le ministère de la Justice, fournira une formation de part et d'autre pour aider à «la réconciliation» des minorités et des forces de l'ordre.

Darren Wilson, le policier blanc de 28 ans qui a tué Michael Brown, un adolescent noir de 18 ans, a témoigné pendant quatre heures mercredi devant un grand jury du Missouri, selon le journal local St. Louis Post-Dispatch.

Mais on ignore encore si ce policier, suspendu mais laissé en liberté, sera inculpé.

Les versions diffèrent sur les circonstances de la mort de Michael Brown, qui avait déclenché une dizaine de jours de manifestations et d'émeutes.

Pour les uns, le garçon aurait tenté de se saisir de l'arme du policier qui l'a abattu. Pour d'autres témoins, il avait les mains en l'air lorsqu'il a été abattu d'au moins six balles, selon deux autopsies concordantes.

Une enquête fédérale a par ailleurs été ouverte sur les pratiques de la police de Ferguson ainsi que sur de possibles violations des droits civiques du jeune Noir.