Les autorités ont réussi à arrêter les émeutes qui ont secoué le Royaume-Uni cette semaine, mais s'inquiètent, à un an des jeux Olympiques de Londres, des répercussions en termes d'images des scènes de violences et de pillages, retransmises pendant quatre jours dans le monde entier.

Il y a seulement trois mois et demi, le pays montrait un tout autre visage: des centaines de milliers de visiteurs avaient afflué dans la capitale pour le mariage fastueux du Prince William avec Kate Middleton, suivi par deux milliards de téléspectateurs à la télévision.

Aujourd'hui, le premier ministre conservateur David Cameron, très critiqué pour son retour de vacances jugé tardif, trois jours seulement après le début des émeutes, en est réduit à lancer un appel au rassemblement national.

«Nous devons montrer au monde, qui nous a observés avec horreur, que les auteurs des violences que nous avons vues dans nos rues ne sont en aucun cas représentatifs de notre pays -ni de notre jeunesse», a-t-il dit.

«À un an des Jeux olympiques, nous devons montrer que la Grande-Bretagne n'est pas un pays qui détruit, mais qui bâtit, qui ne baisse pas les bras pas, mais qui résiste», a-t-il ajouté.

Le calme semble revenu depuis mercredi, mais la presse britannique n'en finit pas de déplorer ces coups portés à la réputation du pays.

Alors qu'un magazine allemand est allé jusqu'à «comparer Londres à Mogadiscio», capitale de la Somalie ravagée par 20 ans de guerre, rappelait samedi The Guardian (travailliste), les violences ont donné «une image inhabituelle et terrifiante de la vie en Grande-Bretagne», selon le Times (conservateur).

Le Financial Times de samedi s'inquiétait par exemple de possibles retombées négatives pour le secteur immobilier, notamment celui de Londres, l'un des plus chers de la planète, «longtemps considéré comme un havre de paix pour les nantis du Moyen-Orient, d'Europe et de Russie pour placer leur argent».

Les craintes des politiques britanniques portent surtout sur le tourisme, secteur majeur de l'économie britannique représentant 4,4% des emplois et 102 milliards d'euros (145 milliards de dollars) de revenus annuels.

«Les émeutes n'auraient pas pu survenir à un pire moment pour la capitale», estime Colin Stanbridge, directeur général de la Chambre de commerce et d'industrie de Londres (CCIL).

«À un an seulement des jeux Olympiques, les yeux du monde étaient déjà tournés vers Londres et malheureusement, ce sont les événements des derniers jours que les téléspectateurs étrangers ont vus», ajoute M. Stanbridge.

Les professionnels du tourisme sont nettement plus optimistes.

Londres «va rester l'une des destinations touristiques les plus sûres et les plus attractives», assure le directeur général de l'Association des tours-opérateurs européens (ETOA), Tom Jenkins, qui rappelle que «Paris, Madrid, Athènes, Los Angeles, Moscou et Bangkok» ont subi des troubles similaires.

De plus, «aucun symbole majeur et peu de touristes ont été affectés par les troubles», survenus dans «des lieux relativement peu connus», explique M. Jenkins.

D'après une enquête de l'ETOA, l'impact est jusque-là minime pour les hôtels londoniens: jeudi, soit trois jours après les dernières violences dans la capitale elle-même, 330 réservations pour la semaine suivante avaient été annulées, alors que 38 000 chambres étaient réservées le même jour à Londres.

Au final, le réel changement réside surtout dans la manière dont les Britanniques eux-mêmes voient leur société. «Les émeutes ont changé la façon dont les gens regardent leurs voisins, la façon dont ils regardent ceux qui sont aisés et ceux qui dépérissent dans le sous-prolétariat», juge le Times.