Les tensions ont augmenté, samedi, entre le gouvernement britannique et les responsables des corps policiers au sujet du recrutement, par le premier ministre David Cameron, d'un ancien chef de police américain pour le conseiller sur les méthodes de lutte contre les gangs et pour éviter une répétition des émeutes de la semaine dernière.

Les critiques, menées par le dirigeant de l'Association des chefs de police, Sir Hugh Orde, ont révélé d'importantes tensions entre la police et le gouvernement de coalition Cameron. On se demande, entre autres, qui doit être blâmé pour avoir échoué à mettre fin aux quatre jours d'émeutes qui ont fait rage dans des quartiers de Londres et d'autres villes anglaises jusqu'à mercredi.

M. Cameron a critiqué les tactiques de la police comme étant trop timides et a annoncé qu'il demanderait conseil à William Bratton, ancien dirigeant des forces de police de Boston, New York et Los Angeles. La police britannique a qualifié le geste de malavisé et d'insulte à son professionnalisme.

«Je ne suis pas sûr de vouloir entendre parler d'une région des États-Unis où sévissent 400 gangs», a dit M. Orde, en faisant allusion à Los Angeles, dont le corps policier a été dirigé par M. Bratton jusqu'en 2009.

«Selon moi, si vous avez 400 gangs, alors vous n'êtes pas très efficace. Si vous observez le style opératoire de la police américaine, et son degré de violence, ils sont fondamentalement différents de ce qui se fait ici», a fait remarquer sir Orde, un ancien chef de la police d'Irlande du Nord et ex-chef adjoint de la police métropolitaine de Londres.

Cette mésentente a assombri une journée de paix dans les rues anglaises et la progression du traitement judiciaire de plus de 2 100 suspects arrêtés jusqu'à présent, la plupart à Londres, lors de sessions juridiques 24 heures sur 24, une première.

Les forces policières anglaises ont été sur la défensive concernant la rapidité de leur réaction initiale face aux émeutes qui se sont rapidement répandues, à compter du 6 août à partir du quartier de Tottenham, au nord de Londres, à plusieurs points chauds de la capitale et, éventuellement, à Birmingham, Manchester, Nottingham et d'autres villes aux prises avec de fortes activités des gangs.

Les chefs de la police ont toutefois donné une série d'entrevues critiques, samedi, soulignant leur opinion selon laquelle M. Cameron faisait fausse route en demandant conseil à l'étranger au moment où son gouvernement endetté allait de l'avant avec un plan pour réduire les budgets des forces policières de près de 20 pour cent.

Les leaders syndicaux de la police de Londres et de la ville de Manchester, au nord-ouest, ont déclaré que M. Cameron devait commencer par les entendre, avant de tenter d'appliquer les leçons provenant de la police américaine, mieux armée, mais plus agressive.

«La police américaine fonctionne avec la force. Nous ne voulons pas faire ça dans ce pays», a dit Paul Deller, de la Metropolitan Police Federation, qui représente plus de 30 000 agents londoniens.