Le candidat centriste à la présidentielle française, François Bayrou, a annoncé jeudi qu'il voterait dimanche pour le socialiste François Hollande, mais il n'a pas donné de «consigne générale» pour le second tour.

«Je ne donnerai pas de consigne générale de vote», a déclaré le président du MoDem, tout en précisant qu'il voterait «personnellement pour François Hollande».

«Je ne peux pas voter blanc, cela serait de l'indécision, et dans ces circonstances, l'indécision est impossible. Reste le vote pour François Hollande, c'est le choix que je fais», a déclaré M. Bayrou, qui avait recueilli 9% des suffrages le 22 avril au premier tour de la présidentielle.

«Nicolas Sarkozy, après un bon score de premier tour, s'est livré à une course poursuite à l'extrême droite dans laquelle nous ne retrouvons pas nos valeurs, dans laquelle ce que nous croyons de plus profond et de plus précieux a été bousculé et nié dans son principe», a-t-il dit pour expliquer son choix, dans une allocution face à la presse.

«Je ne suis pas et je ne deviendrai pas un homme de gauche. Je suis un homme du centre et j'entends le rester», a dit le responsable, arrivé 3e de la présidentielle en 2007 et qui à l'époque avait annoncé qu'il ne voterait pas Sarkozy sans pour autant appeler à voter pour la socialiste Ségolène Royal.

«Par ce choix, je rends possible pour la première fois depuis longtemps une union nationale» entre la gauche et une partie du centre, s'est félicité le député, immédiatement critiqué par le camp présidentiel, qui a fustigé une décision motivée par le «dépit personnel».

Pour sa part, François Hollande a salué le «choix d'(un) homme libre indépendant», précisant qu'il n'y avait eu «aucune négociation» avec M. Bayrou.

«Je respecte son indépendance, sa liberté. Et je ne prends pas ce vote comme un ralliement en aucune façon. C'est au contraire un vote d'indépendance et n'en tirez pas les leçons qui pourraient être faciles, a souligné le candidat socialiste.

Le président sortant, qui a mené une campagne très à droite, a encore durci ses positions sur l'immigration et la sécurité après le premier tour pour courtiser l'électorat d'extrême droite (presque 18%), prenant le risque de s'aliéner l'électorat qui traditionnellement se reporte majoritairement sur le candidat de droite.

François Hollande, arrivé en tête au premier tour avec 28,6% des voix, est en bonne position pour l'emporter dimanche face au président sortant (27,2%), que tous les sondages donnent battu.

Le socialiste a conforté sa place de favori après l'unique duel de l'entre-deux tours mercredi soir, un échange âpre au cours duquel Nicolas Sarkozy n'est pas parvenu à déstabiliser son adversaire.