Nicolas Sarkozy part mercredi à l'assaut de son adversaire François Hollande, en tête des sondages de la présidentielle en France depuis presque un an, lors d'un duel télévisé considéré comme sa dernière chance de renverser la vapeur avant le deuxième tour dimanche.

À quelques heures de ce débat, le seul de l'entre-deux tours, le président de droite sortant et son adversaire socialiste affichaient confiance et détermination.

«Je sais qu'il y a un mouvement en ma faveur. Je dois m'en montrer digne, car l'arrogance n'est pas de saison», a déclaré le candidat socialiste sur BFMTV, affirmant qu'il serait «offensif pour les Français» mais ne voulait pas transformer le débat en pugilat.

Le camp Sarkozy assurait que la victoire était encore possible. Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a vanté la «personnalité puissante» du président sortant et sa «clarté» en rupture avec un favori socialiste «jouant systématiquement le flou».

Ce face à face de deux heures et demie sera diffusé sur une dizaine de chaînes à partir de 21h (15h, heure de Montréal). Selon le tirage au sort, c'est M. Hollande qui parlera le premier. Tout a été calculé, millimétré: la taille de la table séparant les deux hommes, la température de la pièce, les angles des caméras -pas de plan du nez de Sarkozy de profil ni de la calvitie de Hollande.

Le candidat socialiste est bien placé avec 28,6% des voix au premier tour contre 27,2% au président sortant. À J-4, Nicolas Sarkozy est toujours distancé par son adversaire que tous les sondages donnent vainqueur dimanche avec 53 à 54% des suffrages, même s'il est parvenu à réduire l'écart ces derniers jours.

Il mise gros sur ce match pour rattraper son retard même si, selon les politologues, les débats d'entre deux tours font peu bouger le rapport de force.

«Pour qu'un débat fasse basculer une élection, il faut que l'un des deux l'emporte clairement sur l'autre, et que l'écart des intentions de vote entre eux soit assez faible, ce qui n'est pas tout à fait le cas aujourd'hui», selon Jérôme Sainte-Marie de l'institut de sondages CSA.

Les deux co-organisateurs, la chaîne de télévision privée TF1 et la publique France 2, veulent un échange qui parte des soucis prioritaires des Français (le pouvoir d'achat et l'emploi) jusqu'à la politique étrangère, en passant par la dette, les questions de société (immigration) et le style de présidence que les deux hommes veulent incarner.

Le sortant, en position de challenger, devrait «prendre des risques», selon l'ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin, et tenter de pousser à la faute François Hollande, qui a joué sur la «constance» et l'«équilibre», en insistant sur son inexpérience gouvernementale.

La droite espère aussi que le choc des personnalités tournera à l'avantage de Sarkozy, au tempérament de cogneur, tandis que la gauche croit que l'esprit rassembleur et l'humour de Hollande prévaudront.

Depuis le premier tour, les deux hommes, 57 ans chacun, se sont lancés à la chasse aux électeurs du Front national (FN, extrême droite) dont la candidate Marine Le Pen a réalisé un score historique (près de 18%), s'érigeant en arbitre.

Ce rapport de force a contraint Nicolas Sarkozy, qui menait déjà une campagne très droitière, à encore radicaliser son discours en matière de sécurité et d'immigration. Il n'a eu de cesse de s'adresser à la France des «sans-grade», se présentant en protecteur du peuple contre les élites.

Marine Le Pen a sans surprise annoncé qu'elle voterait blanc et implicitement appelé ses électeurs à faire de même, ironisant sur les tentatives de séduction de ses partisans, des «racistes» tout à coup «devenus fréquentables».

Les candidats doivent aussi séduire les électeurs du centriste François Bayrou (près de 9% des voix). Ce dernier a promis de se prononcer au lendemain du débat. S'il laissait ses électeurs libres de leur choix comme en 2007, il pourrait toutefois exprimer un jugement personnel sur les candidats.