À cinq jours du second tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy rassemblait ses partisans dans les rues de Paris pour le 1er mai, le jour où les syndicats défilent pour la fête des Travailleurs, alors que la patronne de l'extrême droite a implicitement appelé à voter blanc.

Largement distancé dans tous les sondages qui donnent le socialiste François Hollande vainqueur avec 53 à 54% des suffrages dimanche, Nicolas Sarkozy a convié ses militants à descendre dans la rue pour une «vraie fête du Travail».

Prenant le contre-pied de son rival, François Hollande devait se rendre de son côté à Nevers (centre) pour commémorer la mort de l'ancien premier ministre socialiste, Pierre Bérégovoy.

Mais c'est la chef de file de l'extrême droite, Marine Le Pen, arrivée troisième en position d'arbitre au premier tour de la présidentielle le 22 avril avec 17,9% des voix, qui a ouvert le bal des défilés: lors de son traditionnel rassemblement pour célébrer Jeanne d'Arc dans le centre de Paris elle a indiqué, sans grande surprise, qu'elle refusait de choisir entre François Hollande «faux espoir» et Nicolas Sarkozy «nouvelle déception».

Nicolas Sarkozy, qui ne peut espérer gagner qu'avec le soutien massif des électeurs d'extrême droite, a droitisé son discours depuis huit jours, développant les thèmes de la sécurité, de l'immigration, des frontières et des racines chrétiennes de la France. «Nous avons trop d'étrangers sur notre territoire», a-t-il répété mardi.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient attendues en début d'après-midi sur la place du Trocadéro à Paris à l'appel de Nicolas Sarkozy à promouvoir «la valeur travail», une initiative inédite dénoncée par la gauche comme une «provocation». Nicolas Sarkozy a en outre multiplié les charges contre les organisations syndicales ces derniers jours.

«Nous ne sommes pas dans un match avec les syndicats ou avec qui que ce soit», a assuré mardi le patron du parti présidentiel UMP, Jean-François Copé.

Face à ce premier mai très politique, les syndicats ont choisi de défiler sur des mots d'ordre qu'ils disent strictement sociaux: emploi, pouvoir d'achat, lutte contre «le racisme et la xénophobie», appelant leurs adhérents à se mobiliser en masse.

Le souci d'éviter les slogans politiques n'empêche pas les prises de position personnelles: le patron de la CGT (premier syndicat français), Bernard Thibault, a ainsi clairement annoncé mardi qu'il voterait pour François Hollande.

Pour refaire son retard, Nicolas Sarkozy compte désormais sur le débat qui va l'opposer mercredi à François Hollande, misant sur un K.O. télévisuel.

«Je vais l'exploser, je ne le lâcherai pas», a-t-il dit selon ses proches, tout en promettant publiquement «un débat républicain» et pas «un combat de rue».

«Si l'on en juge par le ton et le fond de la campagne, alors le débat sera rugueux. J'y suis prêt», a prévenu M. Hollande.

Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a assuré mardi que l'ex-dignitaire libyen proche du colonel Kadhafi, Bachir Saleh, qui se trouve actuellement en France, serait arrêté «s'il est recherché par Interpol».

Interpol a publié une notice rouge concernant un certain Bashir Al-Shrkawi, de nationalité libyenne, recherché pour fraude par Tripoli. L'un des avocats de Bachir Saleh, Me Marcel Ceccaldi, a confirmé que son client était bien le Bashir Al-Shrkawi recherché par Interpol.

Nicolas Sarkozy a annoncé lundi qu'il allait porter plainte contre le site d'informations Mediapart, pour un article faisant état d'un soutien financier présumé de Mouammar Kadhafi à sa campagne présidentielle de 2007, article qui citait le nom de Bachir Saleh.