Les appels tous azimuts lancés depuis quelques jours par le président sortant Nicolas Sarkozy aux partisans du Front national de Marine Le Pen indignent les médias de gauche français, qui rivalisent d'images fortes pour souligner leur réprobation.

Le quotidien communiste L'Humanité a notamment présenté hier en première page des photos du chef d'État et du maréchal Pétain, défunt chef du gouvernement collaborationniste de Vichy, pour dénoncer la «tentative d'OPA du président» sur la fête des Travailleurs du 1er mai.

Le président a annoncé lundi la tenue à cette date d'une fête du «vrai travail» pour rivaliser avec le défilé normalement organisé par les syndicats, qui se voient dénoncés, au dire du journal, avec un discours «aux relents pétainistes» censé plaire à l'électorat frontiste.

Le quotidien Libération a placé en première page, hier, une photo en noir et blanc du président surmontant une citation, présentée comme historique, dans laquelle il indique que Marine Le Pen est «compatible avec la République».

Des ténors de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), parti du président, sont rapidement montés au front pour dénoncer le travail des deux quotidiens, en les accusant de se livrer à une forme de «terrorisme intellectuel».

Le candidat socialiste pour le second tour de l'élection présidentielle, François Hollande, a refusé hier de se laisser entraîner dans la polémique au cours d'une conférence de presse tenue à Paris avec les médias nationaux et internationaux.

«Ne comptez pas sur moi pour faire un procès à la presse», a déclaré le politicien de gauche devant une salle remplie de plusieurs centaines de journalistes.

«Le pluralisme est utile. Chacun doit le prendre de la meilleure façon même si ce n'est pas toujours agréable», a-t-il déclaré en relevant qu'il était lui-même régulièrement étrillé par le quotidien de droite Le Figaro.

Il a ensuite critiqué à son tour les ouvertures de Nicolas Sarkozy envers le Front national, en lui reprochant d'adopter «les thèses, les mots, les phrases» de Marine Le Pen pour s'attirer l'appui de ses électeurs.

Le président sortant, qui est arrivé deuxième lors du premier tour du scrutin présidentiel, a besoin de récolter la majeure partie des voix obtenues à ce stade par la candidate du Front national pour espérer se maintenir en poste le soir du 6 mai.

Il multiplie depuis le début de la semaine les sorties sur des thématiques sensibles à l'électorat frontiste comme l'immigration et la place de l'islam.

La Une du quotidien Libération

Le quotidien Libération a placé en première page, hier, une photo en noir et blanc du président surmontant une citation, présentée comme historique, dans laquelle il indique que Marine Le Pen est «compatible avec la République».