Jacques Cheminade récolte moins de 1% des intentions de vote pour l'élection présidentielle française. Mais, depuis lundi, il est aussi présent à la télévision et à la radio que le président sortant Nicolas Sarkozy ou son opposant socialiste François Hollande, tous deux loin devant dans les sondages.

«L'exploit» n'est pas négligeable pour un politicien marginal de 70 ans qui tente, au dire du quotidien Le Figaro, de séduire la population avec un programme «aussi farfelu que douteux».

Le rédacteur en chef du magazine Le Point, Hervé Gattegno, parle d'un «mélange d'utopie scientiste et de délire paranoïaque» pour décrire les thèses de M. Cheminade, qui se voit notamment reprocher d'avoir présenté la reine d'Angleterre comme l'une des «principales bénéficiaires» du trafic de drogue mondial.

Le politicien, qui a obtenu 0,27% des voix lors d'une précédente participation au scrutin présidentiel en 1995, doit sa présence accrue des derniers jours dans les médias à la loi régissant la couverture audiovisuelle de la campagne présidentielle.

Les chaînes de radio et de télévision sont tenues d'assurer, pour garantir le pluralisme d'opinions, une parfaite égalité de traitement de tous les candidats de l'ouverture officielle de la campagne, fixée le 9 avril, jusqu'au premier tour, deux semaines plus tard.

Les 10 politiciens dont la candidature a été validée cette année par le Conseil constitutionnel doivent disposer d'un temps égal de parole et d'antenne durant cette période. La même règle s'applique ensuite pour les deux candidats qui demeurent en lice pour le second tour, prévu le 6 mai.

La loi constitue un sérieux mal de tête pour les diffuseurs, qui sont surveillés de près par le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Elle est aussi un inconvénient majeur pour les principaux candidats, qui se voient placés sur un pied d'égalité avec les politiciens plus marginaux après avoir mobilisé l'attention pendant des semaines.

La chaîne France 2 a ainsi prévu aujourd'hui et demain des émissions spéciales dans lesquelles tous les candidats disposeront d'une vingtaine de minutes pour mettre en valeur leur programme.

La bataille continue parallèlement de plus belle dans les médias écrits, qui ne sont pas soumis aux mêmes règles d'égalité que les médias audiovisuels.

Dans une entrevue au Journal du dimanche, le président sortant s'est dit plus confiant que jamais en ses chances de victoire. Et il s'est dit convaincu d'une forte participation au scrutin même si les sondages évoquent la possibilité d'un taux d'abstention record.

«Je ne crois nullement qu'il y ait un désintérêt pour cette campagne...Pour ma part, je dirais même que la mobilisation est plus forte que ce que j'ai connu lors de la précédente campagne. Je sens monter la vague», a-t-il déclaré.

François Hollande a dit constater, dans la même veine, une ferveur rappelant celle qui avait marqué l'arrivée au pouvoir en 1981 de l'ancien président socialiste François Mitterrand.

Les plus récents sondages indiquent que Nicolas Sarkozy conserve une légère avance au premier tour du scrutin contre son adversaire socialiste. Ce dernier maintient cependant toujours une avance de six à dix points au second tour.