Le candidat d'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon poursuit son ascension dans les sondages, à tel point que le camp socialiste craint qu'il ne fasse de l'ombre à la campagne de François Hollande.

Dans une nouvelle étude produite par LH2, le représentant du Front de gauche récolte 15% des voix, ce qui en fait le «troisième homme» de l'élection présidentielle française, devant le candidat centriste François Bayrou et la représentante du Front national, Marine Le Pen.

Adélaïde Zulfikarpasic, directrice de la section opinion de la firme de sondages, estime que Mélenchon pourrait commencer à gruger une partie des voix du représentant socialiste, toujours à égalité avec le président sortant Nicolas Sarkozy pour le premier tour.

Le pourcentage de répondants qui disent soutenir Jean-Luc Mélenchon sans être absolument certains de voter pour lui est relativement élevé, ce qui suggère, dit-elle, que certains électeurs socialistes sont tentés de voter pour lui au premier tour, mais pourraient être prompts à revenir dans leur camp habituel «s'il fallait voter utile».

Tout en évitant de s'en prendre directement au représentant du Front de gauche, qu'il a longtemps côtoyé au Parti socialiste, François Hollande a fait de nombreuses mises en garde à l'électorat de gauche.

«La vérité, elle est toute simple: c'est au premier tour qu'il convient de donner la force nécessaire au candidat qui va représenter le changement», a-t-il prévenu.

Selon Mme Zulfikarpasic, un retard de quelques points au premier tour ne serait pas dramatique pour le candidat socialiste, qui conserve une avance de 6 à 10 points dans les sondages pour le second tour. En revanche, le résultat est important pour «créer une dynamique» gagnante, selon elle.

En théorie, la vaste majorité des électeurs du Front de gauche devrait voter pour le candidat socialiste au second tour. La montée de la formation dans les sondages rend cependant ses dirigeants encore plus critiques du programme socialiste et promet de compliquer leur ralliement entre les deux tours, ce qui risque d'augmenter les abstentions.

Le député socialiste Arnaud Montebourg, idéologiquement proche de l'extrême gauche, a cherché à aplanir le différend dans les derniers jours. Il a assuré que des «négociations se feraient naturellement» après l'élection présidentielle avec l'ensemble des partis de gauche qui ont soutenu François Hollande en prévision des élections législatives, prévues à l'été.

Cette perspective ne semble guère émouvoir Jean-Luc Mélenchon. «Notre ambition, ce ne sont pas les sièges [à l'Assemblée nationale], nous les aurons de toute façon. Notre ambition, c'est la révolution», a-t-il déclaré la semaine dernière.

Dimanche, il s'est irrité des mises en garde du camp socialiste. «Qu'est-ce que ça veut dire, de s'en prendre à moi quand on est de gauche? Occupez-vous de l'extrême droite, occupez-vous de Sarkozy, fichez-nous la paix!», a-t-il tonné lors d'un rassemblement.

Les partisans de Nicolas Sarkozy espèrent que la montée du Front de gauche va forcer le représentant socialiste à «gauchiser» son programme et inciter du même coup les partisans du centriste François Bayrou à se tourner vers la droite au second tour.

«On voit mal en effet François Bayrou, définitivement exclu du deuxième tour, se rallier à un Hollande surchargé de quelques-uns des oripeaux économiques encombrants de Mélenchon», a résumé hier en éditorial le quotidien de droite Le Figaro

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