Nicolas Sarkozy a défendu sur un ton passionné samedi à Bordeaux sa conception de «la civilisation de la République française», lors d'un discours marqué très à droite, qui lui permet de se distinguer nettement de François Hollande, donné gagnant par tous les sondages.

Le président-candidat à sa propre succession a tenu dans la cité girondine la cinquième réunion publique de sa campagne présidentielle, en présence d'environ 8000 personnes, selon l'UMP, organisatrice de ce meeting de soutien.

Juste avant lui, Alain Juppé, ancien premier ministre et maire de Bordeaux, avait lancé un vibrant «Nicolas, on t'aime», dénonçant «la campagne de dénigrement inouï» du candidat Sarkozy par ses adversaires.

Mais tout d'abord, M. Sarkozy est revenu sur les incidents de Bayonne, où, jeudi, il s'était fait conspuer et injurier par des manifestants, parmi lesquels des séparatistes basques. De nombreux militants socialistes étaient présents qui brandissaient, dans le calme, le projet de M. Hollande.

«Honte à ceux qui se sont joints aux séparatistes basques, petite minorité animée d'une haine aveugle contre la France et prête à tout», a lancé M. Sarkozy, chaudement applaudi. «Honte à ceux qui ont donné du pays basque une image tellement contraire à la réalité», a-t-il ajouté.

«Nous ne leur ressemblons pas, nous ne leur ressemblerons jamais, nous ne sommes pas des sectaires, nous refusons la haine. Jamais, il ne nous viendrait à l'idée de perturber leurs réunions, d'empêcher leurs rassemblements, d'investiver leurs partisans», a-t-il affirmé.

Il a promis d'aller «partout à la rencontre des Français». «Personne ne m'en empêchera», a-t-il ajouté.

Puis le président, qui fait une «campagne crescendo» et a des propositions dans sa besace pour «les cinquante jours à venir», selon ses proches, s'est livré pendant environ 50 minutes à un plaidoyer passionné pour la République et «la civilisation de la République française», truffé de nouvelles propositions, sur la justice, l'immigration ou encore la fiscalité.

Elles lui ont donné l'occasion de prendre le contre-pied des thèses de M. Hollande, qu'il n'a toutefois jamais nommé.

Il a ainsi fustigé sa proposition d'une nouvelle tranche à 75% pour les revenus supérieurs à un million d'euros: «Quand on propose un taux d'imposition de 75% pour faire payer les riches et que l'on explique le lendemain que ''cela --je cite-- n'a pas vocation à rapporter un seul euro au budget de l'État'', donc à faire payer un seul euro aux riches, je dis que c'est du cynisme» et «ceux qui disent cela sont des tartuffes».

Abordant une nouvelle fois le thème de «l'immigration choisie», il a émis «des conditions au regroupement familial: un travail, un logement décent, l'engagement à apprendre le français».

Sur la justice, Nicolas Sarkozy a proposé qu'un «condamné ne puisse pas bénéficier d'une remise en liberté conditionnelle avant qu'il ait effectué au moins les deux tiers de sa peine», contre la moitié actuellement.

M. Sarkozy s'est également prononcé «pour un droit d'appel des victimes pour les décisions des cours d'assises, pour la détention provisoire et l'exécution des peines».

Dans son viseur, une autre proposition de son adversaire, l'octroi du droit de vote aux étrangers extra-communautaires, qui constituerait d'après le chef de l'État «une atteinte à la République»: «C'est ouvrir la voie au vote communautaire. C'est mettre les maires sous la menace du chantage communautaire», a-t-il dit.

M. Sarkozy a plaidé en faveur de «l'étiquetage de la viande en fonction de la méthode d'abattage», en pleine polémique sur la viande halal également alimentée par Marine Le Pen.

Manière également pour lui de défendre le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, dont les récentes déclarations sur le vote des étrangers et la viande halal dans les cantines, faites vendredi lors d'une réunion politique près de Nancy, ont été très critiquées.